Le mobile jugé coupable de cancer

La Cour de Cassation italienne vient de reconnaitre comme maladie professionnelle une tumeur du cerveau qui serait liée à l'usage intensif de mobiles.
La Cour de Cassation italienne vient de reconnaitre comme maladie professionnelle une tumeur du cerveau qui serait liée à l'usage intensif de mobiles. © MAX PPP
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La justice italienne a reconnu comme maladie professionnelle une tumeur liée à l'usage du portable.

C'est une première en Europe et un grand pas pour les pourfendeurs des ondes électromagnétiques et autres antennes relai. La Cour de cassation italienne vient de reconnaitre comme maladie professionnelle une tumeur du cerveau qui serait liée à l'usage intensif de mobiles. La haute juridiction transalpine donne ainsi raison à la Cour d'appel de Brescia, saisie par un cadre supérieur, accusant l'usage intensif de son téléphone portable comme responsable de sa maladie.

Son travail l’a obligé à utiliser son téléphone portable en moyenne 30 heures par semaine pendant douze ans, selon les informations de l'association italienne Apple. Le lien de cause à effet entre l'usage du portable et la tumeur a été qualifié de "certitude raisonnable" par les juges, cités par Le quotidien du médecin. Le plaignant recevra donc une pension d’invalidité de l'organisme d’assurance-maladie dont il dépend.

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Des études accusées de conflits d'intérêt. La Cour de cassation a validé la véracité des références scientifiques mise en avant par les avocats de ce cadre. Et elle est même allée plus loin, en rejetant comme non valable les résultats de plusieurs études scientifiques financées par des entreprises, estimant qu’il y avait conflits d’intérêts.

Des risques déjà dénoncés dans le monde. Depuis 2006, des jugements rendus aux États-Unis avaient déjà désigné la responsabilité du mobile dans certains cancers. L'organisation mondiale de la santé (OMS) reconnait également les ondes cellulaires des mobiles comme potentiellement cancérogènes. Mais de nombreux pays ne suivent pas cette recommandation.

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L’Europe hésitante. La décision italienne est surtout susceptible de relancer le débat en Europe, où de nombreux pays hésitent encore à reconnaître les risques des ondes électromagnétiques. En 2008 par exemple, une étude menée au Danemark, en Finlande, en Norvège et en Suède entre 1974 et 2003 assurait qu'il n'y avait pas d'évolution notoire du nombre de tumeurs depuis l'introduction du portable. Une autre étude, menée pendant 18 ans seulement au Danemark cette fois, venait répéter la même chose l'année dernière.

Et la France? Dans l'Hexagone, comme l'indique L'Expansion.com, une proposition de loi visant à réduire l'exposition aux champs magnétiques a été déposée par un député EELV et devrait être discutée prochainement. L’association française Robin des Toits, citée par Le quotidien du médecin, a "salué le courage et l’indépendance des juges italiens, et celui des scientifiques". Et de conclure : "ce procès montre les énormes contradictions et prises d’intérêts dans les hautes sphères du pouvoir."