Le calendrier scolaire modifié pour doper les stations de ski ?

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VACANCES - Les choix des vacances est stratégique pour le secteur des sports d'hiver, qui milite pour déplacer certaines vacances scolaires.

Le choix du calendrier scolaire a des répercussions non négligeables sur les élèves et leurs parents, mais pas seulement. Le secteur du tourisme est également très concerné car les décisions du ministère de l’Education nationale ont des répercussions directes sur leurs chiffres de fréquentations. Le lobby du tourisme de montagne estime donc avoir son mot à dire sur ce dossier et milite pour que les dates des vacances de Pâques  coïncident avec ses intérêts. Un message visiblement entendu par le gouvernement puisque deux ministres se sont récemment inquiétés du sort des stations de ski. Mais en quoi avancer d’une semaine les vacances de Pâques est-il si stratégique pour l’économie des montagnes ?

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Quand Fabius s’inquiète pour les stations de ski. Le ministre des Affaires étrangères est souvent là où ne l’attend pas : après s’être invité dans le débat sur le travail dominical, Laurent Fabius s’est récemment exprimé sur le calendrier des vacances scolaires. "Le patron du Quai d'Orsay, qui prend très à cœur la promotion des intérêts du tourisme français, a suggéré d'avancer les vacances de Pâques d'une semaine. Il a fait remarquer que le tourisme de montagne souffre depuis des années de vacances de printemps trop tardives pour faire le plein au regard de l'enneigement et donc des réservations", écrit Le Journal du Dimanche. Une manière de se peser sur un dossier qui va bientôt être rouvert.

La réforme territoriale, une opportunité pour changer de calendrier. Si les stations de ski s’activent pour faire entendre leurs revendications, c’est parce qu’une fenêtre de tir est en train de s’ouvrir. Le ministère de l’Education nationale va en effet bientôt se pencher sur le calendrier des vacances scolaires, généralement fixé tous les trois ans, pour l’adapter à la future réforme territoriale. "Le fait qu'on ait une réforme territoriale qui divise par deux le nombre de régions, ça va mettre dans la même région des territoires qui auparavant relevaient de zones de vacances différentes, par exemple l'Aquitaine, le Poitou-Charentes, à un moment donné il va falloir coordonner tout cela", a déclaré le 10 février la ministre de l'Éducation.

Et Najat Vallaud-Belkacem de préciser que le calendrier scolaire intégrera "d'autres réflexions, comme celle des vacances de printemps, sur lesquelles c'est vrai, les élus de la montagne ont régulièrement évoqué des contraintes nombreuses" qui affectent les stations de ski.

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Le calendrier, un choix stratégique pour les stations de ski. Si le lobby des montagnes a réussi à retenir l’attention du gouvernement, c’est qu’il a des arguments : les stations de ski réalisent la majeure partie de leur chiffre d’affaires en hiver, comme le montrent cette infographie :

Le secteur a donc intérêt à attirer le maximum de touristes pendant l’hiver, sauf que depuis 2009, il n’est pas aidé par le calendrier des vacances scolaires : les vacances de Pâques débordent sur le mois de mai, qui constitue un seuil psychologique au-delà duquel les vacanciers ne pensent plus du tout à la neige et lorgnent vers des destinations plus chaudes desservies par les compagnies aériennes à bas coûts. Et ce même si les stations de neige sont encore enneigées.

"Depuis Luc Chatel en 2009, les vacances de printemps vont jusqu'à début mai. Cela nous fait perdre 3 % de chiffre d'affaires. Le mois d'avril, qui représentait 8 % de notre chiffre d’affaires, est tombé à 2% ou 3%", argumentait en octobre dernier Pierre Lestas, président des Domaines skiables de France. Avant de souligner qu’il "y a un enjeu économique et social, car les contrats se raccourcissent, les stations fermant plus tôt". A ses yeux, faire commencer les vacances de Pâques une semaine plus tôt permettrait d’inverser la tendance et de remplir les stations de ski.

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Et le rythme chrono-biologique des élèves dans tout ça ? Si les revendications des professionnels du tourisme montagnard semblent avoir trouvé un échoc du côté du gouvernement, leurs intérêts se sont pas prioritaires : le calendrier scolaire est avant tout conçu pour les élèves, et accessoirement pour les enseignants. Pour les spécialistes, l’idéal est de faire alterner sept semaines de cours avec de deux semaines de congés. Un rythme que respecte déjà le calendrier initial pour l’année 2015-2016. En avançant d’une semaine les vacances de Pâques, l’Education nationale va donc devoir faire un choix : casser cette alternance ou, pour conserver des séquences de 7 semaines de cours, décaler aussi les vacances d’hiver. Ce qui risque de provoquer un nouveau casse-tête.