Le Parpaing.

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Si les explications qui suivent n’étonneront en rien les professionnels du bâtiment, elles devraient déconcerter les Béotiens que nous sommes, habitués à une représentation unique du « parpaing », à savoir un parallélépipède de mortier, de béton ou de ciment qui sert aujourd’hui de base à toute maçonnerie ordinaire.

Si les explications qui suivent n’étonneront en rien les professionnels du bâtiment, elles devraient déconcerter les Béotiens que nous sommes, habitués à une représentation unique du « parpaing », à savoir un parallélépipède de mortier, de béton ou de ciment qui sert aujourd’hui de base à toute maçonnerie ordinaire.

 

 

 

Or, il n’en est rien, comme nous allons le voir, profitant de l’instant pour resituer le parpaing, certes, mais également la pierre de taille, le moellon et la meulière.

 

L’étymologie de « parpaing », un mot dont on trouve trace dans notre langue dès le XIIIe siècle, devrait nous apporter une sérieuse piste sur sa signification car il est directement emprunté au latin populaire perpetaneus qui signifie ininterrompu, Car un parpaing est une pierre, peu importe sa nature, qui traverse toute l’épaisseur d’un mur ; ce qui mérite explications…

 

 

 

 

Une façon d’œuvrer.

 

En effet, notre parpaing ne constitue pas un type de matériau de construction comme l’homme moderne pourrait le croire, mais une façon d’œuvrer ! Ainsi, quand une pierre tient toute l’épaisseur d’un mur, on dit qu’elle fait parpaing ! Et ce, quels que soient ses dimensions, sa qualité, voire son type de taille. Cette maçonnerie en parpaing s’oppose donc à l’assemblage de pierres de petites dimensions, que ces dernières soient pierres de taille ou moellons, ou encore à la technique du remplage qui comble de moellons le cœur de deux parois de parement. Evidemment, semer la confusion en la matière est chose aisée car en annonçant que l’immeuble est en pierre de taille, précise-t-on s’il s’agit de parpaings ou de parement ? Car, vu de l’extérieur, il semble impossible au profane de les distinguer !

 

 

 

 

La pierre de taille.

 

Si l’on en croit le dictionnaire de l’Académie française de 1851, la pierre de taille est une pierre dure qui est, ou qui doit être, taillée pour entrer dans une construction et qui doit faire parpaing c’est-à-dire traverser toute l’épaisseur du mur ; ce qui implique que les blocs utilisés soient de grosseur suffisante. Ce qui ne s’avère pas forcément puisque nous savons que des pierres de taille ont été souvent utilisées comme parement !

 

Par ailleurs, pour mériter son appellation, la pierre de taille doit être… taillée sur toutes ses faces, ce qu’on appelle chez les professionnels « dressée ». Chaque pan de la pierre présentera donc des arêtes vives et une surface parfaitement taillée et plane.

 

Evidemment, on évitera les matériaux poreux ou microfissurés, avec une prédilection pour les pierres dures, de calcaire ou de grès, de marbre ou de granit, ce dont nos anciens se sont abondamment servi pour construire nos cathédrales notamment. On notera également l’importance des dimensions de ces pierres de taille qui, par essence, ne sauraient être manier par un seul homme, contrairement aux moellons.

 

 

 

 

 

Le moellon.

 

Il ne s’agit pas ici d’une qualité particulière de pierre mais plutôt d’un matériau destiné au bâtiment, de petites dimensions, utilisé aussi bien pour les murs de clôture que pour le remplage des murs, ou que l’on recouvre de plâtre voire d’un quelconque mortier. Ce moellon peut être plus ou moins taillé, selon les besoins (et surtout sa visibilité une fois le bâtiment achevé !) et doit présenter des dimensions qui lui permettent d’être manipulé par un homme seul, s’opposant ainsi formellement à la pierre de taille. Pour faire simple, le moellon est une pierre ordinaire de petite taille que l’on recouvre le plus souvent d’un enduit (crépi ou autre).

 

 

 

 

La meulière.

 

Un vocable dérivé de la meule puisque la meulière, ou molière, est une carrière dont on extrait les pierres, très dures, utilisées pour fabriquer les meules à grain de nos moulins. En fait, d’un point de vue strictement géologique, il existe deux sortes de pierre meulière ; la première de couleur rougeâtre qui s’utilise essentiellement comme moellons pour la construction de maison alors que la seconde, de couleur grise, convient idéalement à la fabrication de meules grâce à sa dureté. A noter qu’en région parisienne, on utilisa largement, dès la fin du XIXe siècle, la meulière rougeâtre, particulièrement résistante, en réalisant un effet « rocaille » qui permettait de la laisser à nu, évitant ainsi l’enduit de mortier ou de ciment.

 

 

 

 

 

 

Une explication de taille.

 

On aura compris qu’un parpaing est une pierre, peu importe sa qualité, qui traverse de part en part un mur, que la pierre de taille présente de grandes dimensions interdisant sa manipulation par un homme seul et une taille de toutes ses faces. Une pierre de taille qui peut faire parpaing donc, mais également faire office de parement (la partie visible de la pierre une fois le bâtiment achevé), le vide créé entre le parement intérieur et le parement extérieur se voyant généralement comblé de moellons, ces petites pierres plus ou moins taillées.