La zone euro reprend des couleurs, la France presque

L'activité privée dans la zone euro s'est redressée en juillet et a atteint son plus haut niveau en 18 mois, laissant entrevoir une sortie de récession, selon le cabinet Markit qui publie l'indice PMI (Purchasing Managers Index) mercredi.
L'activité privée dans la zone euro s'est redressée en juillet et a atteint son plus haut niveau en 18 mois, laissant entrevoir une sortie de récession, selon le cabinet Markit qui publie l'indice PMI (Purchasing Managers Index) mercredi. © Reuters
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L'Europe est en passe de sortir de la récession, selon l'indice PMI. Mini-cycle ou signe d'une reprise durable ?

"La reprise, elle est là", avait lancé François Hollande, lors de son interview télévisée du 14 juillet dernier, suscitant les railleries de tous ses adversaires politiques. Mais le chef de l'Etat pourrait bel et bien avoir (un peu) raison. L'activité privée dans la zone euro s'est redressée en juillet et a atteint son plus haut niveau en 18 mois, laissant entrevoir une sortie de récession, selon le cabinet Markit qui publie l'indice PMI (Purchasing Managers Index) mercredi. "A son plus haut niveau depuis un an et demi, l'indice PMI montre des signes encourageants d'amélioration de la conjoncture et laisse enfin envisager, dans la zone de la monnaie unique, une sortie de récession au troisième trimestre", analyse ainsi Chris Williamson, chef économiste chez Markit.

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Qu'est-ce que nous dit l'indice PMI ? Vaste sondage effectué auprès des directeurs d'achat, il donne un aperçu de l'état de la production manufacturière en Zone euro, des carnets de commandes, de l'emploi, des livraisons ou encore des stocks des entreprises. En juillet, il s'est établi à 50,4 points contre 48,7 en juin. C'est donc la quatrième hausse mensuelle consécutive de l'indice, et cela signifie que l'activité privée a cessé de se contracter, puisqu'elle progresse quand l'indice dépasse 50 points, et se contracte en deçà de ce seuil. La diversité des éléments pris en compte, la précision des questions et le nombre des personnes interrogées en font un indice fiable et précurseur de la conjoncture à venir.

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Pourquoi l'indice s'améliore-t-il ? "L'embellie économique résulte essentiellement d'une reprise généralisée de la production manufacturière, qui enregistre sa plus forte croissance depuis deux ans", souligne l'économiste Chris Williamson. Celle-ci s'établit à 52,3 contre 49,8 en juin. De plus, "la production de biens augmente en Allemagne, en France et dans le reste de la région considérée dans son ensemble". Parallèlement, l'activité du secteur des services affiche son plus faible recul depuis qu'elle a commencé à se contracter il y a 18 mois : l'indice est à 49,6 contre 48,3 en juin. Cela "pourrait annoncer l'amélioration tant attendue de la demande intérieure", selon Chris Williamson. Même les données sur l'emploi, toujours en recul, "apportent leur lot de bonnes nouvelles", selon le spécialiste, puisque "les réductions d'effectifs se révèlent moins importantes qu'en début d'année".

La France est-elle concernée ? Les signaux sont bien dans le vert même pour l'Hexagone. "L'Allemagne mène la danse, suivie de la France. Les entreprises françaises sont en mesure de gagner des contrats à l'exportation, augmentent leur chiffre d'affaires et sont plus compétitives ", résume le cabinet Markit, cité par Le Figaro. L'indice PMI tricolore reste pourtant sous la barre des 50, signe de contraction de l'activité. Mais il est "en nette progression" et "supérieur aux prévisions", selon Le Figaro. À 47,4 en juin, il passe à 48,8 en juillet, un record depuis 17 mois.

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Vraie reprise ou simple rebond ? L'embellie a surpris beaucoup d'observateurs. Et tous les économistes, même les plus pessimistes, reconnaissent qu'il s'agit d'une bonne nouvelle. "Cette publication est très importante", reconnaît dans Les Echos Jacques Cailloux, économiste chez Nomura, qui "ne misait pas sur un rebond de l'activité cette année". En guise d'explication, ce dernier avance l'assouplissement des objectifs de réduction de déficit public, les diverses politiques de soutien aux PME mises en œuvre ou encore les conditions d'accès au financement qui s'améliorent. Toutefois, "nous pensons toujours qu'il ne s'agit que d'un mini-cycle, qui survient dans un contexte de longue stagnation économique", prédit le spécialiste. La question divise réellement les économistes. Ainsi, chez Barclay, selon Les Echos, on estime à l'inverse que "l'économie est sur le chemin du retour" et que la croissance pourrait pointer le bout de son nez dès le trimestre prochain.