La croissance de la France au point mort

François Baroin a jugé cette croissance nulle "un peu décevante" mais se dit confiant pour les six prochains mois.
François Baroin a jugé cette croissance nulle "un peu décevante" mais se dit confiant pour les six prochains mois. © MAXPPP
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Nicolas Gauduin avec agences , modifié à
François Baroin s'est montré déçu de ce résultat et vise une croissance de 2% sur l'année 2011.

Un véritable coup d'arrêt : la croissance française a été nulle (0,0%) au deuxième trimestre. Un brusque coup de frein après la forte croissance de 0,9% du PIB enregistrée sur les trois premiers mois de l'année, la meilleure performance depuis cinq ans.

Ce résultat donne raison aux prévisions les plus pessimistes. Vingt-huit économistes interrogés par l'agence de presse Reuters tablaient en moyenne sur une croissance de 0,3%. Dans le détail, leurs estimations s'échelonnaient entre zéro et 0,4%. La Banque de France et l'Insee, de leur côté, prévoyaient une progression de 0,2%.

L'une des seules satisfactions réside dans un meilleur équilibre du commerce extérieur : les importations se sont repliées (-0,9% après +3,1%), alors que les exportations ont stagné (0,0% après +1,8%). En conséquence, le solde commercial a contribué positivement à la croissance du PIB (+0,3 point après -0,5 point).

La consommation des ménages en baisse

On peut expliquer ce mauvais résultat par trois phénomènes, analyse l'économiste Nicolas Bouzou, interrogé vendredi sur Europe1. Tout d'abord, "les entreprises ont complètement arrêté de stocker, car elles n'ont pas une vision très claire de l'avenir. Elles l'avaient beaucoup fait au premier trimestre, ce qui avait généré de l'activité", explique-t-il.

Deuxième constat, "beaucoup plus nouveau" aux yeux de Nicolas Bouzou : la baisse de consommation des ménages de 0,7% "qui était jusque-là plutôt dynamique en France" avec une augmentation de 0,4% au premier trimestre. Plus particulièrement, "la consommation automobile souffre du retrait de la prime à la casse".

Enfin, les exportations ne progressent plus. "On manque de compétitivité, l'euro est à un niveau bien trop élevé", juge Nicolas Bouzou. "Et l'activité de nos partenaires commerciaux est de toute façon elle aussi en train de ralentir".

L'objectif d'une croissance de 2% est "incertain", selon lui, compte tenu de la dégradation du contexte économique international. Il juge inévitable l'adoption d'un budget d'austérité.

Croissance "un peu décevante" pour Bercy

Le ministre de l'Economie François Baroin a jugé, vendredi sur RTL, cette croissance nulle "un peu décevante". Mais il a assuré que la France remplirait son objectif d'une croissance à 2% en 2011 et 2,25% en 2012.

François Baroin a également réaffirmé que la France atteindrait ses objectifs de réduction du déficit public quelle que soit l'évolution de la conjoncture. Ce déficit doit être ramené à 5,7% du PIB cette année, puis à 4,6% en 2012 et 3% en 2013.

Interrogé au sujet des mouvements de la Bourse de Paris, il s'est dit "confiant" dans les fondamentaux "solides" de l'économie française. Il a cependant jugé important d' accélérer la réflexion sur les procédures de modification de gouvernance" de la zone euro.

Les créations d'emplois en hausse

Un chiffre encourageant a cependant été publié vendredi par l'Insee : l'économie française a créé au deuxième trimestre de cette année 68.300 emplois nets dans les secteurs marchands non agricoles, en hausse de 0,4%.

Les créations d’emploi sont légèrement plus nombreuses qu’au premier trimestre, où 58.200 postes nets avaient été créés, rappelle l'institut. Sur un an la hausse est de 1,3%.