La SNCM navigue en eaux troubles

© REUTERS
  • Copié
En grève mardi, la compagnie de ferry reliant la Corse au continent accumule les soucis.

• L’INFO. Avis de tempête sur la compagnie maritime marseillaise Société nationale Corse Méditerranée (SNCM) et de ses 1.400 salariés : l’intersyndicale appelle à faire grève mardi pour dénoncer le recours à des équipages étrangers. Cette affaire, qui s’ajoute au déjà très compliqué dossier de la SNCM, a fait sortir le ministre des Transports de son silence.

Greve-a-la-SNCM-aucun-bateau-ne-quitte-Marseille

C’est quoi le problème ? Les problèmes de la SNCM ressurgissent depuis les mésaventures du "Napoléon Bonaparte", un ferry endommagé lors d'un violent coup de vent dans le port de Marseille fin octobre. Pour le remplacer, la direction a décidé d'affréter un ferry battant pavillon grec, et doté d'un équipage de conduite grec.

La compagnie en grève mardi. Dénonçant un dumping social qui s’applique déjà chez les concurrents de Corsica Ferries, les délégués syndicaux avaient réclamé que la question du remplacement du ferry endommagé soit portée à l'ordre du jour du conseil de surveillance du 26 mars. En vain. Faute d’explications, ce sera donc la grève mardi durant 24 heures dans les principaux ports corses ainsi qu'à Marseille, Nice et Toulon.

Frédéric Cuvillier 13/03/2013

Le ministre des Transports menace. Chargé des Transports au sein du gouvernement, Frédéric Cuvillier a haussé le ton dimanche et appelé la SNCM à garantir l'emploi de marins français à bord de ses navires, estimant "inacceptable que des navires affrétés durablement par la compagnie ne soient pas enregistrés sous pavillon français".

Et le ministre de se faire plus précis encore : il "demande à la direction d'inscrire à l'ordre du jour du Conseil de surveillance de ce mardi le cas des deux navires, l'un sous pavillon grec et l'autre sous pavillon italien, que la compagnie est en train d'affréter, afin de chercher les meilleures pistes permettant de garantir l'emploi des marins français à bord".

09.05 SNCM Ferryterranée 930x620

Négociations cruciales imminentes pour la SNCM. Le gouvernement est d’autant plus en position de hausser le ton qu’il dispose d’un argument de poids : les subventions publiques qu’il verse à la SNCM en vertu de la délégation de service public (DSP) entre la Corse et le continent. En clair, la SNCM, entreprise privée, reçoit de l’argent en échange de l’assurance de desservir régulièrement l’île de Beauté. Or cette délégation arrive à terme à la fin de l’année. Les négociations pour la période 2014-2023 s’annoncent donc houleuses, même si la SNCM est bien partie pour conserver sa délégation de service public.

Les multiples défis de la SNCM. Le malaise des 1.400 employés de la SNCM est d’autant plus palpable que l’entreprise rencontre d’autres difficultés. Elle pourrait en effet devoir rembourser tout ou partie des 200 millions d’euros de subventions que l’Etat lui a déjà versé mais que le concurrent Corsica Ferries a contesté devant la justice européenne, dénonçant une concurrence illégale. En outre, son principal actionnaire (Veolia) ne cache pas son scepticisme sur l’avenir de la SNCM et a déjà mis de côté 30 millions d’euros, au cas où.