La Grèce et l'UE sur la voie d'un "compromis" ?

© EMMANUEL DUNAND/AFP
  • Copié
Noémi Marois avec AFP , modifié à
ULTIMATUM - Athènes a envoyé jeudi sa copie à Bruxelles, qui estime qu'un "compromis raisonnable" est désormais possible.

Les réunions de jeudi dernier et de lundi s'étaient mal passées. La Grèce a tenté jeudi de recoller les morceaux avec l'Eurogroupe en lui envoyant sa demande de rallonge de prêt pour les six prochains mois. Cette extension de 7 milliards d'euros est destinée à assurer le financement à court terme du pays avant de bâtir un programme de réformes, a indiqué une source gouvernementale grecque. La Grèce y promet "l'équilibre budgétaire" tout en continuant à rejeter les mesures d'austérité. Mais Athènes a visiblement mis de l'eau dans son vin puisque la Commission européenne a estimé que la demande grecque "ouvre la voie à un compromis raisonnable".

>> LIRE AUSSI - Blocage entre l'Eurogroupe et la Grèce : pourquoi ça coince ? 

Le contenu de la lettre reste inconnu. "La demande a été envoyée", a indiqué cette source, sans préciser le contenu précis de la requête. Cette dernière devait être examinée dans l'après-midi par les partenaires européens de la Grèce qui sont toujours réticents à accepter que le gouvernement Tsipras s'affranchisse des mesures d'austérité du programme en cours. Jeroen Dijsselbloem, le patron de la zone euro, a confirmé via son compte Twitter avoir reçu la demande grecque pour un prêt sur les six prochains mois, c'est-à-dire jusqu'à fin août. 

>> LIRE AUSSI - La sortie de la Grèce de la zone euro : un scénario à l'étude ? 

Adoption de mesures anti-austérité. Le gouvernement Syriza, élu fin janvier en Grèce sur un programme anti-Troïka, n'a pas inclus dans sa demande le dernier train de mesures d'austérité imposé par le programme d'aide qui s'achève le 28 février prochain. Mais elle devait être écrite "de telle manière qu'elle conviendra à la partie grecque et à la direction de l'Eurogroupe", selon les propos tenus mercredi par le ministre des Finances grec, Yanis Varoufakis.

Selon une source gouvernementale, la proposition d'Athènes garantit "l'équilibre budgétaire" à ses partenaires européens mais aussi "des réformes immédiates contre l'évasion fiscale et la corruption" ainsi que des mesures "pour affronter la crise humanitaire et relancer l'économie". Le gouvernement Syriza devrait faire adopter en assemblée dès jeudi des mesures desserrant l'étau de l'austérité : interdiction de saisies immobilières, raccordement au réseau des foyers privés d'électricité pour impayés, étalement des dettes des contribuables. 

La demande d'extension de prêt, si elle est acceptée, a pour but de donner du temps au gouvernement pour présenter à la zone euro un "nouveau contrat pour la reprise et la croissance" sur la période 2015-2019. Il inclura un plan de "réduction de la dette, comme le prévoyait la décision de 2012" des ministres des Finances européens, poursuit la même source gouvernementale.

Inflexible Allemagne. L'Allemagne a pourtant rappelé que l'extension du prêt sur les six prochains mois devait obligatoirement s'accompagner des réformes prévues par le programme d'aide. "La solidarité n'est pas à sens unique", a prévenu mercredi la chancelière allemande, Angela Merkel. Une extension de l'aide est "indissociable" de la réalisation des réformes prévues dans l'accord signé en 2010 et renouvelé en 2012, a insisté un porte-parole du gouvernement.

Le ministère des Finances allemand a d'ors et déjà annoncé jeudi que la demande déposée par la Grèce d'extension de l'aide de ses partenaires européens ne représentait "pas une solution substantielle" et "ne répondait pas aux critères" fixés par la zone euro. 

La suite... vendredi. Une réunion de l'Eurogroupe, c'est-à-dire des ministres des Finances de la zone euro, aura lieu vendredi à 15 heures afin de décider l'extension ou non du prêt à la Grèce. De son côté, la Banque centrale européenne est venue une nouvelle fois au secours de la Grèce en décidant mercredi de reconduire pour deux semaines le mécanisme de prêts d'urgence accordés aux banques. 

>> LIRE AUSSI - Grèce : y a-t-il vraiment une alternative à l'austérité ?