Hôtels : que reproche-t-on aux sites de réservation ?

Le gouvernement veut réguler les sites de réservation d'hôtels en ligne.
Le gouvernement veut réguler les sites de réservation d'hôtels en ligne. © Capture d'écran Expedia.fr
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avec Mélanie Taravant , modifié à
Les petits hôteliers s'inquiètent de l'influence de ces sites auxquels ils n'ont pas accès. L'exécutif veut réguler.

Le phénomène. Les vacances de la Toussaint démarrent, vous avez réussi à grappiller quelques jours de congés à la dernière minute… Mais où réserver votre hôtel au dernier moment ? Beaucoup de retardataires vont avoir le réflexe internet. Le hic : les grosses plateformes de réservation (Booking.com, Expedia.fr, Venere.com etc.), les mieux référencées et donc les plus prisées, ne sont pas forcément les plus rentables. Pourtant les clients continuent de s'y tourner, provoquant l'ire des petits hôtels qui n'y sont pas mentionnés, et incitant le gouvernement à s'y intéresser. "Ces géants du net ont des positions extrêmement dominantes et imposent des contraintes contraires au développement. Nous militons en faveur d'une régulation accrue", a d'ailleurs réagi la ministre de l'Economie numérique, Fleur Pellerin, mardi, dans le cadre d'une réunion préparatoire au Conseil européen des 24-25 octobre.

>> Que reproche-t-on exactement à ces sites de réservation ? Tour de table des reproches.

Des "fausses promos" ? Des prix affichés hors taxe ou pour une seule personne, des promesses de tarifs battant toute concurrence, un pouce levé qui clignote pour faire croire que les clients apprécient… ces sites de réservation ne manquent pas d'imagination pour attirer le client. Ce dernier peut alors croire que les hôtels sont triés sur le volet, selon un rapport qualité/prix dûment étudié. Mais selon les détracteurs de ces plateformes, il n'y a qu'un seul moyen pour un hôtel d'être relayé par ces sites : payer.

"Tout se monnaie. Si vous voulez apparaître à la première page, à Paris, il faut payer. Les clients croient à tort que l'hôtel a été sélectionné par le site de réservation, mais ce n'est pas vrai. Même chose pour les soi-disant 'bon plan' ou 'prix malins'", dénoncent ainsi au micro d'Europe1 Evelyne Maes, responsable de l'hôtel Abaca missidor, un petit établissement de la capitale. Pour se faire connaître, elle aurait bien voulu passer par ces plateformes. Mais elle n'a pas forcément les moyens de payer. Et elle dénonce de "fausses promos" faites aux clients.

Des commissions exorbitantes ? Les petits hôteliers protestent aussi contre les montants exorbitants des commissions touchées par ces plateformes (20% en moyenne) à chaque chambre vendue. Des commissions toutefois parfaitement justifiées, selon Laurent Salanié, fondateur de weekendesk.com, site de réservation de courts séjours. "J'ai en permanence sept développeurs qui travaillent à temps plein. Je dépense tous les ans entre un et deux millions d'euros pour améliorer mon site et le rendre plus ergonomique. Et il y a la relation clients, le centre d'appels, qui coûtent très cher en informatique et en coûts de commercialisation".

De l'optimisation fiscale ?  Si le gouvernement a ces sites dans le collimateur, c'est, enfin, parce que la plupart sont basés à l'étranger. Et ils se débrouillent, souvent, pour ne pas payer d'impôt en France.