Déficit : pression maximale sur l'Etat

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Sophie Amsili avec Axel de Tarlé
EDITO - La Cour des comptes, la Banque de France et Bruxelles demandent des réformes structurelles.

Le coup de pression. Pour redresser les comptes de la France, il faut des réformes profondes, semblent scander toutes les institutions et nos voisins européens. Mardi, la Cour des comptes a réclamé des "économies structurelles réalisées dans une perspective pluriannuelle". La maîtrise actuelle des dépenses publiques est "fragile" dans la durée, tant que l'exécutif ne revoit pas profondément certaines politiques publiques, jugent les Sages dans leur rapport sur la certification des comptes de l'Etat et sur l'exécution budgétaire pour l'année 2012.

Le deuxième coup de pression est venu de la Banque de France : au vu du niveau élevé de la pression fiscale et des charges des entreprises, il faut " à présent (…) concentrer les efforts sur la dépense publique", estime le gouverneur Christian Noyer dans sa lettre annuelle. Enfin, on attendaient mercredi les recommandations de la Commission européenne aux Etats de l'UE. Bruxelles a accordé un délai supplémentaire de deux ans à la France pour réduire son déficit à 3% du PIB mais avec une exigence en contrepartie : Paris doit mener des "réformes structurelles d'une importance au moins aussi grande" que ses efforts budgétaires, a affirmé Olli Rehn, commissaire chargé des affaires économiques.

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 Quelles réformes ? En ligne de mire de la Cour des comptes : les opérateurs parapubliques comme Météo France, le CNRS et les agences de santé. Avec des effectifs et des salaires en constante augmentation, ces quelque 500 structures coûtent presque aussi cher que le ministère de l'Education nationale. De son côté, la Banque de France fait sauter tous les tabous : elle réclame notamment de réduire les salaires des fonctionnaires - comme dans comme dans les pays de l'Europe du sud -, de réduire les allocations chômage - comme en Allemagne. Quant aux retraites, il faut allonger la durée de cotisation ou relever l'âge minimum de départ et geler les pensions, demande également Christian Noyer.

>> Dans son édito éco, Axel de Tarlé  constate que "l'exécutif est cerné de toutes parts" :

Où en est le déficit de la France ? Si la Cour des comptes, la Banque de France et Bruxelles réclament autant de réformes structurelles, c'est parce que le déficit de la France se réduit moins vite qu'il y a un an et reste au-dessus des objectifs fixés par les traités européens. Il s'est ainsi établi à 87,15 milliards d'euros en 2012, en baisse de 3,6 milliards par rapport à 2011, alors qu'il s'était réduit de 14,08 milliards d'euros l'année précédente.  "Si on retire 9,1 milliards d'euros dépensés pour recapitaliser Dexia et pour financer le Mécanisme européen de stabilité, la réduction du déficit aurait été plus importante", a réagi Bercy.