Comment (bien) négocier une augmentation de salaire ?

Négocier une augmentation de salaire nécessite une solide préparation.
Négocier une augmentation de salaire nécessite une solide préparation. © MAXPPP
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FICHE PRATIQUE - La fin de l'année approche, l'heure des négociations salariales aussi. Comment les réussir ?

La fin de l'année approche et vous ne vous estimez pas payé à votre juste valeur ? Vous avez pris la décision d'en parler à votre supérieur, mais plus le temps passe, plus le stress augmente ? Vous ne savez pas comment aborder la question ? C'est normal. Conjoncture morose oblige, il est difficile d'obtenir une augmentation de salaire aujourd'hui. Toutes les fédérations professionnelles contactées par Europe 1 sont d’accord : les hausses de salaire cette année vont être limitées entre 0,5 et 1%.

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Pour vous aider à bien préparer sa négociation, Europe 1 a demandé l'avis de Fabrice Coudray, directeur chez Robert Half international, cabinet de recrutement et de conseils aux professionnels.

AVANT L'ENTRETIEN, BIEN SE PRÉPARER

Salaires illustration

Faire son propre bilan. Avant de demander une augmentation salariale, c'est la question à se poser en priorité : pourquoi devrais-je être augmenté ? "Il faut se mettre à la place de l'employeur, et déterminer à quoi l'on serait sensible. L'augmentation du coût de la vie, ou le fait que vous avez besoin d'argent, ne tiennent plus en ces temps d'économie atone. Il n'y a quasiment plus d'augmentation collective. Désormais, il faut vous demander : 'qu'est-ce que j'ai apporté de plus que les autres' ? Et dans ce cadre, avoir réussi ses objectifs ne suffit pas. Une augmentation n'est pas une récompense, mais un pari sur l'avenir. L'employeur doit se dire : 's'il a fait mieux que les autres, c'est qu'il peut le refaire l'an prochain'", analyse Fabrice Coudray.

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De là, un travail d'analyse sur son propre travail est nécessaire, pour réunir les arguments nécessaires. "Le fait d'arriver à l'heure ne suffit pas. Il faut des éléments factuels : 'j'ai été en avance sur mes dossiers, je n'ai pas fait d'erreurs, j'ai entretenu une bonne relation avec les clients etc."

Connaître les prix du marché. Après avoir fait son propre bilan, il est utile de regarder chez les concurrents comment sont payés les salariés du même poste, de la même expérience et du même niveau de compétence que vous. Si vous êtes sous-payé, cela peut faire un bon argument à avancer devant l'employeur. "Il faut avoir des preuves. L'employeur doit se dire qu'il risque de vous perdre. Demander une augmentation sans connaitre les prix du marché est un risque, où alors il faut vraiment être un excellent élément, pas seulement un bon", décrypte Fabrice Coudray.

Connaitre son entreprise. Avoir une notion juste de la situation financière de son entreprise est un élément indispensable. "Le concept du salarié qui mérite une augmentation car son employeur est riche et qu'il ne veut pas donner d'argent ne tient pas la route. On voit de tout : des sociétés qui font des bénéfices et les distribuent peu, des sociétés qui ne peuvent pas faire d'augmentation collective mais peuvent faire des augmentations individuelles ou d'autres qui ne peuvent pas faire d'augmentation du tout. Il faut faire preuve d'égoïsme mais aussi avoir la lucidité de connaître la situation de l'entreprise", selon Fabrice Coudray. En outre, s'il est difficile d'avoir accès aux grilles de salaire de la boîte, discuter avec ses collègues de leur propre salaire peut affiner votre vision.

PENDANT LA RENCONTRE, NE PAS SE PRÉCIPITER

Entretien d'embauche recrutement

Séquencer son propos. Durant la rencontre avec votre employeur, il est impératif de ne pas attaquer tout de suite la question du salaire. "Commencez par un bilan. Posez d'abord la question : 'comment m'évaluez-vous'. Puis faîtes votre propre bilan, avec les arguments que vous avez préparés", explique le spécialiste de Robert Half.

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Il s'agit ensuite de réussir à aborder le sujet habilement. "Le mieux est de poser une question, tournée vers l'avenir : 'quels éléments économiques pouvez-vous réunir pour me récompenser l'année prochaine' ? De quelle augmentation pourrais-je bénéficier?"  

Rester calme. L'attitude à adopter comptera également pour beaucoup. Un salarié calme montrera qu'il à confiance en son travail, qu'il mérite son augmentation. "Il faut faire preuve d'une très très grande sérénité. Sinon, votre patron va voir que votre seule obsession est d'obtenir l'augmentation, que vous n'avez rien à prouver mais seulement besoin d'argent".

QUE FAIRE EN CAS DE REFUS ?   

entretien embauche

L'augmentation, c'est pas automatique. Malgré une argumentation bétonnée, il se peut que vous essuyiez un refus, surtout si la situation de l'entreprise ne permet pas de vous augmenter. Tout n'est pas forcément perdu. "Vous pouvez par exemple négocier un bonus sur vos performances, une sorte de prime", avance Fabrice Coudray. "Quant aux avantages en nature (téléphone, voiture, diminution de temps de travail etc.), demandez-les si vous savez d'avance que vous n'obtiendrez rien d'autres. Sinon, cela risque de vous décrédibiliser. Si vous demandez un téléphone après avoir essuyé un refus d'augmentation et de prime, ça ne fera pas très sérieux…." En cas de refus définitif, "attendez l'année d'après, il est malheureusement inutile de revenir à la charge trois mois après. Ce type de décisions se prend pour un an".  

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Si vous le pouvez, partez. Si votre patron refuse l'augmentation, "faîtes-lui comprendre que vous pouvez aller voir ailleurs. Pas brutalement, mais en mettant bien en avant les prix du marché". Et si votre patron ne vous rémunère pas à votre juste valeur, et que vous lui avez clairement montré les preuves que vous pouvez être mieux payé chez le voisin, "posez-vous la question : 'qu'est-ce que je fais encore là'", avance Fabrice Coudray. Et de conseiller : "Commencez des recherches. Envoyez discrètement des CV. Et si vous le pouvez, pourquoi ne pas signer un contrat ailleurs ?"