Chypre cherche toujours son plan B

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Charles Carrasco avec AFP
Sous la menace de la BCE, les autorités ont jusqu'à lundi pour trouver une solution.

L'INFO. Paralysée par la crise financière et sous la pression d'un ultimatum européen, Chypre cherche toujours à éviter coûte que coûte la faillite de ses banques. Pour ce faire, elle envisage un "plan B" qui protégerait les petits épargnants mais qui est loin de convaincre les Européens.

"L'Eurogroupe se tient prêt à discuter avec les autorités chypriotes d'une nouvelle proposition qu'elles doivent lui soumettre le plus rapidement possible", a indiqué le président de ce forum, Jeroen Dijsselbloem, dans un communiqué publié après un entretien téléphonique avec les ministres des Finances de la zone euro.  Une nouvelle réunion, physique celle-là, à Bruxelles, devrait se tenir dimanche, a-t-on appris de source européenne.

Des demandes inconciliables. Chypre a besoin d'au moins 17 millions pour sauver ses banques mais les bailleurs de fonds potentiels de Nicosie -UE et FMI- refusent toujours de lui prêter plus de 10 milliards d'euros car ils tiennent à ce que sa dette n'aille pas au-delà de 100% du PIB en 2020. Ils souhaitent en outre que le pays mette en place une taxe sur les dépôts bancaires qui s'appliquerait uniquement aux dépôts au-dessus de 100.000 euros, ce que Chypre exclut.

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Une restructuration du secteur bancaire. En attendant, la Banque centrale chypriote a proposé jeudi soir en urgence de procéder à une restructuration du secteur bancaire, menacé de banqueroute, qui permettrait de "protéger dans leur intégralité tous les dépôts assurés jusqu'à un montant de 100.000 euros", a assuré son gouverneur, Panicos Demetriades.

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L'instauration d'un fonds de solidarité. Le président chypriote Nicos Anastasiades a réuni jeudi en fin d'après-midi ses ministres et les chefs des partis politiques au palais présidentiel pour adopter un "plan B". Ce dernier prévoit l'instauration d'un fonds de solidarité, aux contours encore très flous.

Le Parlement chypriote a donc reporté à vendredi le vote. Les députés ont dit avoir besoin de plus de temps pour examiner cette législation, un point clé du "plan B" que les autorités chypriotes ont jusqu'à lundi pour présenter à l'Eurogroupe.

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Les banques étranglées. Or, le temps presse. Bank of Cyprus, la première banque du pays, a exhorté jeudi les responsables politiques à parvenir d'urgence à un accord avec l'Eurogroupe pour éviter la ruine de l'île. Dans l'attente d'une solution, l'ensemble des banques du pays sont fermées et tous les virements par internet sont impossibles depuis le 16 mars. La Popular Bank, deuxième banque de l'île et l'une des plus menacées de faillite imminente, a annoncé une limitation à 260 euros par jour des retraits aux guichets automatiques, où les files d'attente se sont allongées jeudi. Plusieurs clients ont expliqué craindre de tout perdre aussi en cas de faillite de la banque ou de fusion avec la Bank of Cyprus.

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Un ultimatum lundi. "Les autorités chypriotes ont trois choses à faire d'ici mardi : présenter un plan B crédible et viable pour remplacer le plan de sauvetage rejeté par le Parlement, instaurer un blocage sur une longue période des capitaux placés dans les banques, et préparer la fusion entre les deux principales banques en difficulté", a expliqué cette source sous couvert de l'anonymat.

Faute de quoi, Chypre risque de sortir de la zone euro, a-t-elle prévenu. Une option qui désormais n'est plus taboue. La crise pose un "risque systémique" pour la zone euro, a surenchéri Jeroen Dijsselbloem devant le Parlement européen. "Nous devons travailler à un programme qui mettra fin à ce risque". Jeudi matin, la Banque centrale européenne (BCE) a lancé le compte à rebours en annonçant qu'elle couperait lundi le robinet des liquidités aux banques chypriotes, à moins d'un accord acceptable entre Nicosie et ses bailleurs de fonds.

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Chypre, une véritable blanchisseriepar Europe1fr