Bourse : Facebook dévisse déjà

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Au lendemain d’une entrée en Bourse très médiatisée, l’action a perdu 11% de sa valeur.

Acheter une action Facebook est-il une bonne idée ou un pari risqué pour ses économies ? S’il est encore difficile de répondre à une telle question, un constat s’impose : les débuts en bourse du réseau social le plus connu au monde ont été plus que fastidieux.

Introduit en Bourse vendredi, l’action Facebook a en effet perdu plus de 11% dès le lundi suivant. Comment expliquer une telle déconvenue pour ce qui est présenté, avec Google,  comme la plus grandes "success story" du business en ligne ? Europe1.fr apporte un début de réponse.

Facebook victime de son succès

Chutant d'environ 8% en-dessous de son prix d'introduction dès l'ouverture de son deuxième jour de cotation, l'action Facebook a perdu plus de 4 dollars, ou 10,99%, pour finir à 34,03 dollars, après avoir brièvement perdu jusqu'à 13,68% en matinée. Si une telle dégringolade peut étonner, elle s’explique néanmoins par la spéculation autour d'une opération boursière très médiatique.

Profitant d’un buzz sans précédent, Facebook a en effet suscité un effet de mode faisant grimper les prix : vendredi, tout boursicoteur voulait absolument "avoir de l’action Facebook". Une fois le calme revenu, le prix de l’action baisse.

D’autres entreprises du Web ont ainsi connu les mêmes déboires : arrivée en Bourse fin 2011, l’action Groupon a bondi de 30%... pour dévisser de 40% six mois plus tard, tout comme celle du réseau LinkedIn.

Trop d’actions, trop chères ?

Lorsque Facebook a commencé à donner des précisions sur son arrivée en Bourse, un chiffre a retenu l’attention, ou plutôt une fourchette de prix : les nouvelles actions devaient être vendues entre 28 et 35 dollars l’unité.

Mais face à l'effervescence médiatique et la forte demande qui s’en est suivi, Facebook a décidé de revoir à la hausse le prix de son action, pour le porter à 38 dollars. De plus, alors qu’il était prévu de lever 10 milliards de dollar, Facebook a finalement décidé de mettre en vente pour 16 milliards d’actions, ce qui réduit la rareté, et donc la valeur, de l’action Facebook.

C’est donc sur une action légèrement surcôtée et émise en plus grand nombre que prévu que les investisseurs se sont rués, avant de se rendre compte qu’ils avaient probablement payé leur ticket quelques dollars de trop. Les marchés procèdent donc à une "correction" pour le moins originale, tant elle arrive tôt dans l’histoire de l’action Facebook.

Un bug informatique au mauvais moment

Outre l’évolution du prix d’introduction en Bourse, les investisseurs ont été refroidis par les soucis techniques qu’a rencontrés le Nasdaq, la Bourse où est côté l’action Facebook. Le trop grand nombre d’ordres d’achat et de vente reçus vendredi ont saturé le système informatique du Nasdaq.

Résultat, des investisseurs ont acheté des actions Facebook vendredi après-midi et ne savaient pas en fin de journée si leurs transactions avaient été  effectuées. Entre-temps, l’action Facebook ne cessait de fluctuer mais eux ne savaient toujours pas s’ils étaient devenus propriétaire d’actions Facebook. Or s’il y a bien quelque chose que détestent les investisseurs, c’est l’incertitude, surtout pour les débuts d’une entreprise estimée à plus de 100 milliards d’euros.

Le spectre de la bulle Internet

Un dernier élément peut expliquer les mésaventures de l’action Facebook pour ses premiers jours en Bourse : la crainte d’une nouvelle bulle spéculative dans le secteur des nouvelles technologies.

Le début des années 2000 a été marqué par une frénésie des investisseurs pour les entreprises du Web. Résultat, des start-up ont été valorisées à plusieurs millions d’euros alors qu’elle n’avait pas encore gagné le moindre euro. L’euphorie passée, les investisseurs se sont rendus compte de leurs excès et ont massivement vendu leurs actions, provoquant un krach boursier des valeurs high-tech.

Malgré le poids et le prestige de Facebook, les marchés se montrent donc encore méfiants, d’autant que le modèle économique Facebook intrigue : il dépend entièrement de la publicité et donc du nombre d’abonnés, qui peuvent quitter le réseau social à tout moment. Longtemps érigé en modèle et estimé en millions d’euros, le site Myspace a ainsi disparu des écrans radars lorsqu’est apparu un certain réseau nommé… Facebook.