Anne Lauvergeon lance sa contre-attaque dans le dossier UraMin

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www.boursier.com , modifié à
L'ex-patronne contre-attaque dans l'affaire de fraude et d'écoutes illégales entourant l'achat, en juin 2007 par Areva, de la société UraMin...

Sous le feu des critiques, l'ancienne présidente d'Areva, Anne Lauvergeon, a vivement contre-attaqué hier, s'estimant victime d'un complot dans l'affaire de fraude et d'écoutes illégales entourant l'achat, en juin 2007 par Areva, de la société UraMin. L'ex-patronne du groupe nucléaire public, surnommée " Atomic Anne " pendant son mandat de 10 ans en raison de sa forte personnalité, a affirmé lors d'une conférence de presse que l'OPA sur UraMin et le prix payé étaient justifiés à l'époque, arguant que personne ne pouvait alors anticiper la crise financière de 2008, l'effondrement du prix de l'uranium ni la catastrophe nucléaire de Fukushima... Elle a souligné que Luc Oursel, le nouveau patron d'Areva, était déjà membre du directoire au moment de l'acquisition et qu'il présidait même le comité d'investissements du groupe. Les pouvoirs publics avaient eux aussi donné leur feu vert à l'opération. Quant à la polémique sur le rôle de Daniel Wouters, directeur de la division des mines chez Areva au moment de l'achat, Anne Lauvergeon a démenti tout conflit d'intérêt. Le CV de Daniel Wouters a bien été transmis à Areva par le mari de Mme Lauvergeon, Olivier Fric, au titre d'expert en énergie, mais M. Wouters a été recruté, selon elle, de façon tout à fait classique. Depuis plusieurs mois, les critiques fusent sur les conditions d'achat d'UraMin : acquise pour 1,9 milliard d'euros, la société vient d'être dépréciée de 80% par le nouveau patron, Luc Oursel, sur l'exercice 2011... L'OPA sur UraMin fait actuellement l'objet d'un audit interne chez Areva, mené par trois membres indépendants du conseil de surveillance, ainsi que d'une enquête du ministère de l'Energie commanditée par Eric Besson. En outre, la commission des Finances de l'Assemblée nationale doit elle aussi rendre un rapport sur le sujet. De leur côté, Anne Lauvergeon et Olivier Fric ont porté plainte contre " X " en décembre dernier pour espionnage présumé, après la révélation par 'Le Canard Enchaîné' de l'existence d'un rapport d'enquêteurs privés ayant écouté illégalement les conversations téléphoniques de ce dernier. Cette enquête portait sur le rôle du mari d'Anne Lauvergeon dans le rachat d'UraMin, mais ses conclusions ne l'ont pas mis en cause. L'ex-patronne d'Areva a affirmé hier que l'un des commanditaires du rapport serait Sébastien de Montessus, qu'elle a nommé à la tête de la division des mines d'Areva en 2007, mais selon elle, il n'aurait pas osé agir "sans avoir de puissants alliés"... Anne Lauvergeon, qui était accompagnée hier de son mari et de leur avocat, a affirmé avoir été victime de tentatives de déstabilisation émanant " du plus haut niveau de l'Etat "lors de ses dernières années à la tête du groupe nucléaire public. " Grosso modo, une fois tous les six mois au minimum, on annonçait que j'allais partir, que j'étais profondément déstabilisée, fragilisée ", a-t-elle ajouté. Selon elle, ces pressions étaient liées à son refus d'abandonner le modèle intégré d'Areva. "J'ai refusé le démantèlement d'Areva au profit des uns et des autres et c'est clair, j'ai gêné un certain nombre d'intérêts privés (...) J'ai été attaquée, calomniée, espionnée, de manière injuste, ça suffit !", a-t-elle ajouté devant les journalistes. Rappelons que le président d'EDF, Henri Proglio était notamment monté au créneau pour critiquer le modèle intégré d'Areva, mis en lumière selon lui par l'échec de la vente d'un réacteur EPR de 3ème génération à Abu Dhabi fin 2009. Les relations houleuses entre Anne Lauvergeon, ancienne " sherpa " de François Mitterrand, et Nicolas Sarkozy, sont aussi de notoriété publique...