285 milliards d'euros empruntés, des ministères mieux dotés... Le budget 2024 se dévoile

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avec AFP // Crédit photo : BERTRAND GUAY / AFP , modifié à
Le gouvernement a présenté ce mercredi midi les grandes lignes du budget 2024. Le projet de loi passera d'abord devant les députés, avant d'être étudié dans les prochaines semaines par les sénateurs. L'Etat devrait ainsi emprunter près de 285 milliards d'euros l'année prochaine, tandis que la plupart des budgets des ministères seront revus à la hausse.

Les premières lignes du budget 2024 ont été présentés ce mercredi. Emprunts, taxes, budget des ministères... Le gouvernement souhaite améliorer les dotations à ses ministères, tout en réduisant le montant total. Si aucune hausse d'impôts ne devrait faire son apparition au cours de ce texte, l'exécutif souhaite néanmoins taxer les autoroutes et les aéroports, pour mieux financer la transition écologique.  

Une nouvelle taxe sur les autoroutes et grands aéroports doit rapporter 600 millions d'euros par an

Le gouvernement prévoit d'instaurer en 2024 une nouvelle taxe sur les concessions autoroutières et les grands aéroports qui doit rapporter 600 millions d'euros annuels, a-t-il annoncé mercredi en présentant son projet de budget. "La taxe sur les infrastructures de transport de longue distance sera effectivement mise en place", a déclaré le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, à la presse avant la présentation du prochain budget en Conseil des ministres.

"Ce sont des infrastructures de transport polluantes, que ce soit la route ou l'aérien", a-t-il ajouté. Or "le meilleur des financements" pour les investissements "extrêmement élevés" et "impératifs" nécessaires en matière de transition écologique, "c'est de faire en sorte que ceux qui polluent davantage contribuent davantage", a-t-il insisté. Bruno Le Maire a assuré que cette augmentation de la fiscalité ne se répercuterait "pas sur l'usager" grâce au maintien de "la définition des tarifs de péage".

Le budget 2024 de l'Éducation en hausse de 3,9 milliards d'euros 

Le budget 2024 du ministère de l'Éducation nationale, premier de l'État, est en hausse de 3,9 milliards d'euros (+6,5%) à 63,6 milliards d'euros, selon les documents budgétaires de Bercy publiés mercredi, un budget "historique", a commenté le ministre de l'Éducation Gabriel Attal.

Une enveloppe de 1,9 milliard d'euros est consacrée, comme convenu, aux mesures de revalorisation salariale sans conditions des enseignants (la partie "socle" des hausses de rémunérations). Et "près de un milliard d'euros" sont "alloués au financement des missions complémentaires réalisées par les enseignants volontaires dans le cadre du 'pacte'", soit les hausses de rémunérations pour ceux qui acceptent de nouvelles missions.

Agriculture, logement... La transition écologique au cœur du budget 2024 ?

Le projet de budget du ministère de l'Agriculture est relevé d'un milliard d'euros pour 2024 afin d'"accélérer la transition écologique" via notamment le financement de la recherche d'alternatives aux pesticides ou la plantation de nouvelles haies, a indiqué le ministre Marc Fesneau à la presse. "C'est l'un des budgets qui connaît l'augmentation la plus grande parmi les ministères", ce qui "montre la volonté de produire des actes au-delà des mots", a relevé Marc Fesneau en marge de la présentation du projet de loi de finances pour 2024.

L'exécutif prévoit que les moyens du ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire (moins de 1% du budget de l'État en 2023) soient relevés d'un milliard d'euros. Sept milliards d'euros pourront ainsi être déboursés en 2024, en hausse de 17% sur un an. Cela inclut les dépenses des établissements d'enseignement agricole. L'essentiel des nouveaux crédits (800 millions d'euros) sont dédiés à la "planification écologique" (replantation de haies, développement d'une offre française de protéines végétales, décarbonation, bio...).

Du côté des logements, avec un financement en hausse de 1,6 milliard d'euros, la rénovation de l'habitat, cruciale pour atteindre les objectifs climatiques de la France, est l'un des principaux axes d'effort dans le budget 2024 du gouvernement. "Près de 5 milliards d'euros d'engagement sont prévus en 2024 pour accompagner les Français dans la rénovation de leurs logements, soit une hausse de 1,6 milliard d'euros des engagements", selon le projet de loi de finances dévoilé mercredi.

L'exécutif réitère son objectif de 200.000 "rénovations performantes" qui permettent des économies d'énergie substantielles en 2024. En revanche, peu de crédits sont alloués à la production de nouveaux logements, en chute libre depuis plusieurs mois.

8.300 fonctionnaires en plus, crédits en hausse pour le maintien de l'ordre

L'État gagnera près de 8.300 fonctionnaires en 2024, indique mercredi Bercy dans ses documents budgétaires pour 2024, tandis que les dépenses pour la justice, la police et l'armée seront en hausse de près de 5 milliards d'euros. Le nombre d'agents de l'État et de ses opérateurs, en équivalent temps plein (ETP) augmente de 8.273 au total, dont 2.681 pour le ministère de l'Intérieur, et 1.961 pour celui de la Justice.

Ces hausses sont toutefois inférieures à celles de l'an dernier. En revanche les effectifs de la Transition écologique augmentent de 732 emplois en 2024, au lieu de 45 en 2023. Les effectifs de l'Armée augmentent de 580 emplois.

Dans le cadre d'un budget de "réarmement des services publics", selon Bercy, les crédits du secteur du maintien de l'ordre sont en hausse globale de 4,8 milliards d'euros: celui de la Défense augmente de 3,3 milliards d'euros, ceux de l'Intérieur d'un milliard et ceux de la Justice de 500 millions d'euros.

L'État français veut emprunter 285 milliards d'euros sur les marchés en 2024

L'État français compte lever 285 milliards d'euros de dette sur les marchés financiers en 2024, un record après 270 milliards d'euros en 2023, a annoncé l'Agence France Trésor mercredi en marge de la présentation du budget de l'an prochain.

En 2024, l'État doit trouver au total 299,7 milliards d'euros, un montant en baisse par rapport à 2023 sous l'effet de la réduction du déficit budgétaire.