2018, année de l'embellie sur le front de l'emploi ?

Dans la construction, le solde net de l'emploi bondit de 7%.
Dans la construction, le solde net de l'emploi bondit de 7%. © ERIC CABANIS / AFP
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avec T.LM. , modifié à
Après une baisse timide du chômage en 2017, le marché du travail devrait repartir de l’avant en 2018, porté par la croissance retrouvée.

2018, année de la reprise véritable ? Si 2017 a été synonyme de timide rebond, l’année prochaine devrait se révéler plus porteuse sur le front de l’emploi. Avec des secteurs qui prévoient d’embaucher (bâtiment, aide à la personne) et une croissance revue à la hausse, le chômage devrait descendre sous les 9,5% de la population active, selon l'Insee. 

La conjoncture plutôt au beau fixe

La Banque de France anticipe un taux de chômage de 9,4% en 2018, soit un peu mieux qu’au troisième trimestre 2017 (9,7%). Les créations d’emplois seront néanmoins en recul : 147.000 nouveaux postes contre 281.000 lors de l’année écoulée, certes très positive. Derrière cet affaiblissement global se cachent les coupes dans les contrats aidés avec environ 46.000 postes financés en moins dans les secteurs non marchands en 2018.

Un constat que partagent beaucoup d’observateurs du marché du travail. "Il y a de grandes chances pour que le chômage baisse moins vite en 2018", prévient Éric Heyer, économiste à l’OFCE. "La fin de la prime à l'embauche, la réduction des contrats aidés et la baisse du niveau du CICE devraient détruire 120.000 emplois, selon nos estimations, soit à peu près au même niveau que l'augmentation de la population active."

Côté croissance, la situation est au beau fixe : mardi 19 décembre, l’Insee a relevé ses prévisions de croissance pour 2017, avec 1,9% contre 1,8% et même 1,6% avant octobre. Dans le détail, le PIB devrait ainsi augmenter de 0,6% sur les trois derniers mois de l'année 2017, puis progresser de 0,5% au premier trimestre 2018. Il devrait ensuite légèrement ralentir à 0,4% au deuxième trimestre de l’année prochaine.

Des secteurs qui recrutent

La construction et le bâtiment ont le vent en poupe, avec un solde net d’emploi de 7% pour l’année 2018, dans un secteur qui compte environ 1,5 million d’emplois. Issu du baromètre Manpower publié mardi 12 décembre, ce chiffre se complète avec les 3% de croissance de l’emploi dans l'agriculture, la forêt, la chasse et la pêche. Les métiers d’aides à domicile, d’aide-soignants et d’infirmiers devraient eux connaître une forte hausse des embauches avec 350.000 postes créés d’ici à 2022.

Notons aussi les sept métiers les plus porteurs actuellement selon le cabinet de recrutement spécialisé Robert Half : contrôleur de gestion industriel, gestionnaire de paie, contrôleur financier de transition, HR business partner, l’ingénieur DevOps, head of brand content et assistant service client.

Du rififi dans les contrats de travail

Déjà en vigueur ou à venir, les nombreuses réformes du gouvernement auront aussi un impact sur les types d’embauche. On devrait observer en 2018 une recrudescence des CDI de chantier. Ces contrats, déjà utilisés dans le secteur du bâtiment, sont désormais étendus à l’ensemble des branches dans le cadre des ordonnances travail. Les entreprises ont eu le temps ces derniers mois d’étudier les avantages et les inconvénients de ce "contrat flexible de longue durée".

L’année qui vient devrait voir les CDI de chantier (ou CDI de projet) se démocratiser. Les entreprises du numérique se montrent particulièrement intéressées. Sean Gallagher, patron de Xerox France (imprimantes), se réjouissait récemment de l’arrivée de ce nouveau contrat : "Le CDI de chantier nous donne la possibilité d’embaucher sur des contrats de longue durée (5, 6, 7 ans) en gardant les compétences dans l’entreprise". Les entreprises de conseil, au recrutement toujours très dynamique, sont également susceptibles d’y avoir recours, leur modèle reposant en grande partie sur les missions.

La dynamique est toute autre pour les contrats courts. Alors qu’ils représentent aujourd’hui près des trois quarts des embauches dans le secteur privé (72%), les CDD de moins d’un mois sont dans le viseur du gouvernement. Dans le paquet de mesures de la réforme de l’assurance-chômage, prévue pour le printemps 2018, figure la taxation des contrats courts, qui coûtent cher à l’Unédic. Objectif : les rendre moins intéressants pour les employeurs et éviter qu'ils y recourent systématiquement. La mesure, très sensible, est encore en phase de discussion avec les partenaires sociaux mais elle a de fortes chances de voir le jour (sous une forme ou une autre), puisqu’Emmanuel Macron y tient particulièrement. En revanche, au rayon des contrats courts, l’intérim devrait poursuivre dans le sillage d’une année 2017 record (près de 730.000 postes au troisième trimestre).