2016, année de la reprise en France ?

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M.B. avec AFP
ECONOMIE - De nombreux instituts dévoilent leurs prévisions économiques. La croissance française devrait continuer sur sa lancée, sans réellement prendre son envol.

La reprise est-elle (enfin) là ? A un an des élections présidentielles, et à la veille de la présentation de son programme budgétaire à Bruxelles, le gouvernement ne peut que l'espérer. De leur côté, les observateurs économiques, de l'Insee au FMI, se montrent prudents. Si la croissance devrait être au rendez-vous en 2016, aucun bond n'est à prévoir.

Des signes de "bon augure". En 2015, le PIB français a progressé de 1,1%. Un chiffre conforme aux prévisions de l'Insee, et dont le gouvernement s'est félicité. L'an prochain, l'exécutif souhaiterait une accélération, à 1,5%. Pour l'Observatoire français des conjonctures économiques, l'objectif est réalisable. L'OFCE table en effet sur 1,6% de croissance en 2016 et 2017, signe qu'"un mouvement de reprise de l'activité semble enfin émerger en France". L'Observatoire s'appuie sur des signaux économiques de "bon augure", comme l'investissement des entreprises ou le pouvoir d'achat, en hausse.

Mais la Banque de France, elle, se montre moins optimiste. "La croissance en France en 2016 devrait se montrer résistante, c'est-à-dire au moins au niveau de l'an dernier tout en restant insuffisante", a déclaré François Villeroy de Galhau, son gouverneur, mardi. "Nous serons en dessous de la moyenne de la zone euro, qui devrait être à 1,4-1,5%." La Commission européenne et le Fonds monétaire international (FMI), eux, sont encore plus prudents, avec des prévisions respectives de 1,3% et 1,1%.

" La croissance en France en 2016 devrait se montrer résistante tout en restant insuffisante. "

Vers une baisse du chômage ? Promise par François Hollande depuis le début du quinquennat, l'inversion de la courbe du chômage serait-elle pour la fin de l'année ? Selon les experts, il n'est possible de l'envisager qu'à partir du moment où la croissance est d'au moins 1,5%. Assez logiquement, l'OFCE est donc le seul organisme à prévoir une baisse du chômage. Parce qu'elles investissent plus, les entreprises seraient en capacité de créer environ 230.000 emplois supplémentaires, selon l'observatoire. "Le taux de chômage reviendrait à 9,5% en fin d'année, soit une baisse de 0,5 point", prédit l'OFCE. Une partie de cette baisse serait également due à la mise en place du plan de 500.000 formations.

Des problèmes exogènes…. En 2016, la France devrait continuer de profiter d'un pétrole bon marché, de la faiblesse de l'euro et de taux d'intérêt bas. Mais le pays est également confronté à de nouvelles difficultés, qui pourraient plomber son activité économique. Le FMI estime notamment que l'Hexagone, à l'instar des autres pays de la zone euro, va pâtir de la crainte du terrorisme, de la crise des réfugiés comme des incertitudes autour d'une éventuelle sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne. Autant de facteurs qui peuvent encourager "des politiques plus nationalistes, y compris protectionnistes", regrette Maurice Obstfeld, conseiller économique en chef au FMI.

…et structurels. Mais la France a également ses problèmes spécifiques, soulignés par le dernier rapport de la Commission européenne. Celle-ci estime que le coût du travail élevé et le manque de marge des entreprises empêchent ces dernières d'investir correctement. "La reprise de l'investissement ne devrait se faire sentir qu'en 2017 car les mesures prises par les autorités ne devraient pas permettre de renforcer immédiatement la confiance" des employeurs, souligne Bruxelles. Sans compter que certains dispositifs mis en place par le gouvernement de François Hollande n'ont des effets qu'à court terme. C'est le cas, par exemple, des vastes plans de formation ou des contrats aidés. Ces mesures étant temporaires, ceux qui en bénéficient et disparaissent des statistiques de Pôle emploi momentanément vont progressivement revenir sur le marché du travail.