Donald Trump met sur le dos de Joe Biden le recul du PIB américain au premier trimestre
Le PIB américain est en recul sur les trois premiers mois de l'année de 0,3%, période correspondant au début du second mandat de Donald Trump. Le président américain met ces mauvais résultats sur le dos de son prédécesseur, Joe Biden, et affirmant que les droits de douane n'y étaient pour rien.
Le président américain Donald Trump a affirmé mercredi que le recul du produit intérieur brut (PIB) des États-Unis au premier trimestre était le "reliquat" de son prédécesseur Joe Biden et que les droits de douane qu'il a mis en place n'y étaient pour rien.
Le milliardaire républicain, qui a juré de rendre les États-Unis plus riches, est confronté mercredi à des chiffres montrant un recul du PIB du pays au premier trimestre, alors que l'économie américaine était encore florissante fin 2024.
Le PIB s'est contracté de 0,3%
Le PIB, qui mesure la création de richesse nationale, a diminué lors des trois premiers mois de l'année couvrant le début du second mandat de Donald Trump, dont la politique douanière a suscité une onde de choc dans le monde et au sein même de son pays.
En rythme annualisé, mesure privilégiée par les États-Unis, le PIB s'est contracté de 0,3%, selon les données publiées mercredi par le ministère du Commerce. Ce résultat - premier recul du PIB américain depuis 2022 - est nettement inférieur aux attentes de la majorité des analystes, qui anticipaient toutefois un sérieux coup de frein (+0,4%) pour la première économie mondiale.
"Notre pays va décoller économiquement, mais d'abord, nous devons nous débarrasser du reliquat de Joe Biden", a réagi le président Trump sur sa plateforme Truth Social. "Cela va prendre un moment, ça n'a rien à voir avec les droits de douanes, c'est seulement qu'il nous a laissés avec de mauvaises statistiques", a ajouté le chef de l'État, en enjoignant à ses concitoyens d'"ÊTRE PATIENTS!!!"
Les marchés financiers ont accusé le coup. Les Bourses européennes ont basculé dans le rouge après la publication du PIB américain. Et Wall Street évolue en nette baisse. Pour le chef de file de l'opposition au Sénat, Chuck Schumer, "Donald Trump doit reconnaître son échec, faire marche arrière, et virer immédiatement son équipe économique", a dit ce sénateur démocrate dans un communiqué.
Une inflation ralentie à +2,3% sur un an
Ce recul du PIB au premier trimestre découle en grande partie d'une règle arithmétique, qui fait que les importations se soustraient dans son calcul. Or les achats à l'étranger ont bondi au début de l'année, résultat selon les experts de la volonté des entreprises et d'une partie des consommateurs de prendre de vitesse l'imposition de nouveaux droits de douane et de profiter des conditions antérieures au remodelage au forceps de l'économie initié par Donald Trump.
L'économie américaine faisait auparavant plus que ronronner, avec une croissance de 2,4% au dernier trimestre 2024 (en rythme annualisé), du plein emploi et une inflation en passe d'être maîtrisée. D'après une autre publication mercredi, les créations d'emploi dans le secteur privé américain ont fortement ralenti en avril, s'affichant en dessous des attentes.
À l'inverse, le président américain devrait trouver du réconfort dans les derniers chiffres de l'inflation. L'indice officiel PCE publié mercredi montre que les prix se sont calmés en mars, avec une inflation ralentie à +2,3% sur un an, avant l'imposition du gros des nouveaux droits de douane, aidés par la baisse des prix du gaz et du pétrole sur fond de doutes croissants sur la santé de l'économie mondiale.
"Le bond des importations découle directement d'une stratégie d'évitement par les acheteurs"
Ces données sont publiées alors que le locataire de la Maison-Blanche célèbre les 100 premiers jours de son second mandat entamé le 20 janvier. "Je considère d'ordinaire que l'impact des présidents sur la performance économique est surévalué, surtout pendant les 100 premiers jours du mandat", avait déclaré à l'AFP, avant la publication de ces statistiques, Tara Sinclair, professeure d'économie à l'université George Washington.
"Mais cette fois, avait-elle ajouté, c'est différent, parce que le bond des importations découle directement d'une stratégie d'évitement par les acheteurs des droits de douane du président." Depuis avril, l'exécutif a considérablement augmenté les droits de douane sur les produits étrangers, et plus que doublé les surtaxes sur ceux venus de Chine.
Pékin a riposté par d'autres droits de douane, de quoi freiner les exportations américaines, un moteur de la croissance. La consommation des Américains - autre carburant du PIB - est aussi sous surveillance, car plusieurs baromètres récents montrent que leur confiance dans l'avenir a chuté.
Pour la suite, souligne dans une note l'économiste de Nationwide Kathy Bostjancic, "nous nous attendons à ce que le choc causé par les droits de douane sur les prix, ainsi que le ralentissement du marché du travail, pèsent sur les dépenses des ménages".