Une statue de l'Antiquité au cœur d'une bataille judiciaire entre les États-Unis et l'Italie

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Baptisée "Jeunesse victorieuse" par les Américains, la statue est aujourd'hui exposée à la Villa Getty à Los Angeles. © ROBYN BECK / AFP
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avec AFP , modifié à
La justice italienne a sommé un musée de Los Angeles de restituer au pays un bronze de l'Antiquité. Une décision contraire au droit américain, selon le musée.

Le musée Getty de Los Angeles a refusé de renvoyer en Italie L'athlète de Fano, un bronze datant du 4ème siècle avant J.C., malgré une décision de la plus haute juridiction italienne ordonnant la restitution de cette oeuvre attribuée au sculpteur grec Lysippe.

Une statue découverte dans la mer Adriatique... Baptisée Jeunesse victorieuse par les Américains, la statue a été découverte en 1964 dans la mer Adriatique par des pêcheurs au large de Fano en Italie. Elle aurait été vendue immédiatement, changeant à plusieurs reprises de mains avant que l'État italien puisse exercer son droit de préemption.

L'oeuvre, qui représente un athlète nu (ou le prince macédonien Démétrios Poliorcète selon certains), avait refait surface sur le marché de l'art en 1974 et avait été acquise par le Musée J. Paul Getty pour 3,9 millions de dollars de l'époque (3,4 millions d'euros). Elle est aujourd'hui exposée à la Villa Getty, sur les hauteurs du quartier ultra-chic de Pacific Palisades.

Pour les États-Unis, le mandat italien "est contraire au droit américain". "Nous allons continuer à défendre nos droits juridiques sur la statue", a assuré Lisa Lapin, vice-présidente chargée de la communication pour la Fondation Getty, dans un communiqué daté de lundi. Elle réagissait à une décision de la Cour de Cassation italienne rejetant un recours du Musée Getty contre un mandat de restitution délivré par un juge. Selon les médias italiens, deux mandats similaires avaient déjà été pris depuis 2007 mais le musée américain avait à chaque fois obtenu leur annulation pour vice de forme.

Pour le Musée Getty, la dernière décision en date ne change rien à l'affaire : le mandat "est contraire au droit américain et international", et la statue de la discorde restera à Los Angeles "où elle est exposée au public depuis près d'un demi-siècle", écrit Lisa Lapin.

Ce bronze "n'est pas une oeuvre italienne". Le ministre italien de la Culture, Alberto Bonisoli, s'était pourtant réjoui de la décision de justice mettant un terme à dix ans de procédures et d'arguties. "À présent, nous espérons que les autorités américaines vont agir aussi vite que possible pour permettre la restitution du bronze de Lysippe à l'Italie", avait-il dit à l'agence de presse Ansa.

"La statue ne fait pas partie de l'héritage culturel italien, et n'en a jamais fait partie", a rétorqué Lisa Lapin, estimant que "la découverte accidentelle de cette statue par des ressortissants italiens n'en fait pas une oeuvre italienne".