Six bons romans parus en 2020, à découvrir dès que possible

Voici la sélection romans 2020 d'Europe 1.
Voici la sélection romans 2020 d'Europe 1. © Montage Europe 1.
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Laetitia Drevet , modifié à
Les librairies étant restées fermées presque quatre mois cette année, vous avez peut-être manqué quelques nouveautés. Europe 1 vous propose une sélection de six bons romans parus en 2020, de quoi vous distraire pendant et après les fêtes de fin d'année.

Les librairies sont restées fermées près de quatre mois cette année, pandémie de coronavirus oblige. Alors, même si vous êtes restés branchés à coup de livraisons expresses et de "click and collect", vous avez peut-être manqué quelques nouveautés. Une plongée dans le Marseille des années 1990, un délit de fuite en Californie, des soirées mondaines aux côtés d’Andy Warhol et Truman Capote… Pour vous rattraper, Europe 1 a sélectionné six très bons romans parus en 2020, à placer sous le sapin ou à savourer dans son canapé.

Il est des hommes qui se perdront toujours, de Rebecca Lighieri

Le roman s’ouvre sur un constat amer : "L’espérance de vie de l’amour, c’est huit ans. Pour la haine, comptez plutôt vingt. La seule chose qui dure toujours, c’est l’enfance, quand elle s’est mal passée." Karel habite une cité des quartiers nord de Marseille. Il a grandi comme il a pu entre deux parents toxicomanes, aux côtés de sa sœur Hendricka et de Mohand, leur petit frère infirme, couvé par leur mère et rejeté par leur père. Rebecca Lighieri (l’alias d’Emmanuelle Bayamack-Tam) raconte l’adolescence accidentée d’un jeune homme hanté par une histoire familiale à la fois tragique et minable, dont il a peur d’être l'héritier. Le roman est rythmé par les voix d’IAM, Michael Jackson, Richard Cocciante et Céline Dion, qui y résonnent comme autant d’élans de vitalité.
> Aux éditions P.O.L, 21 euros.

Les démons, de Simon Liberati

C’est un roman entre fiction et réalité, où les personnages imaginés croisent le chemin de Louis Aragon, Pierre Lazareff et Brigitte Bardot. Au milieu des années 1960, Serge, Taïné et Alexis, sont trois frères et sœurs riches et nonchalants. A la mort du premier, la seconde part pour New York où elle s’entoure d’Andy Warhol et de Truman Capote. Elle mène une existence fantasque, souvent décadente, entre Paris, Cannes et Bangkok. A la fois personnage et inspiration, Truman Capote est partout dans le dernier livre de Liberati. Il s’inscrit dans la lignée de l’inachevé Prières exaucées, histoire d’un écrivain raté qui vit de ses charmes et de son humour noir dans la bonne société. Les démons est le premier volume d’une trilogie annoncée, vaste fresque d’une époque mêlant noirceur et coups d’éclat.
> Aux éditions Stock, 20,90 euros.

Les autres Américains, de Laila Lalami 

Un soir de printemps, après avoir quitté le diner dont il est propriétaire, Driss Guerraoui, un Américain d’origine marocaine, est renversé par une voiture. Il meurt sur le coup pendant que le chauffard, lui, prend la fuite. Très vite, une terrible question émerge : cette mort est-elle un tragique accident de la route ou un crime raciste ? Nora, la fille de Driss, réclame justice. Sur fond d’enquête policière, ce roman passionnant à plusieurs voix explore l’histoire de la famille Guerraoui, de Casablanca dans les années 1980 à la Californie d’aujourd’hui. Finaliste du très prestigieux National Book Award, ce roman a propulsé Laila Lalami, professeure à l’Université de Californie, sur le devant de la scène littéraire américaine.
> Aux éditions Christian Bourgeois, 22,50 euros.

Elle a menti pour les ailes, de Francesca Serra 

Garance, 15 ans, mène une banale vie d’adolescente dans le sud de la France. Connectée en permanence aux réseaux sociaux, elle est fascinée par les petits rois du lycée, de deux ans plus âgés. Pour en être, elle est prête à tout. Mais voilà qu'un beau matin, Garance disparaît. Sa mère, le lycée, la police, tout le monde est à sa recherche. Francesca Serra ménage un suspense haletant, esquissant au fil des pages une intrigue bien plus complexe qu’elle n’en a l’air. Mêlant jalousies adolescentes, premières expériences et harcèlement en ligne, le roman alterne récit classique et conversations de groupe ponctuées d’emojis. Tour à tour grave et comique, la romancière manie avec adresse changements de voix et retours en arrière. Elle a menti pour les ailes, premier ouvrage de l’écrivaine corse, a été récompensé du prix littéraire du Monde.
> Aux éditions Anne Carrière, 21 euros.

Betty, de Tiffany McDaniel 

C’est un roman inspiré d’une histoire vraie, celle de sa mère. Dans Betty, la romancière américaine Tiffany McDaniel raconte le destin d’une jeune fille métisse d’origine cherokee. Ce récit ponctué de lourds secrets de famille et de mythes amérindiens livre l'histoire intimiste d'habitants modestes d’une bourgade imaginaire du sud de l'Ohio, au pied des Appalaches. "Non seulement papa avait besoin que l’on croit à ses histoires, mais nous avions besoin d’y croire aussi. Nous nous raccrochions comme des forcenées à l’espoir que la vie ne se limitait pas à la simple réalité autour de nous", dit la narratrice. Récompensé à l’automne du prix Fnac, ce roman explore le pouvoir des mots et de l’imaginaire, contrepoids réparateurs à la violence, au rejet et aux abus sexuels.
> Aux éditions Gallmeister, 26,40 euros.

Black Manoo, de Gauz

C’est un voyage entre Belleville et Abidjan. Dans les années 1990, Black Manoo débarque à Paris à la recherche d’un compatriote musicien. Sans-papiers, il ère dans le nord-est de la capitale, peut-être saoul, peut-être fou. Dans les troquets du 20ème arrondissement, il enchaine les "rhum-gingembre assassins", se lie d’amitié avec les figures du quartier, partage des souvenirs embrumés par la drogue, raconte histoires d’amour et séjour en prison. Dans ce roman touchant, à la chronologie décousue, Gauz explore un Paris populaire et des quartiers pas encore gentrifiés. L’écrivain ivoirien, parisien d’adoption, s’était fait connaître en 2014 avec Debout-Payé, satire sociale sur les déboires d’un jeune étudiant sans-papiers devenu vigile dans un supermarché.
> Aux éditions Le nouvel Attila, 18 euros.