Simone de Beauvoir entre dans la Pléiade

Plusieurs oeuvres de Simone de Beauvoir entrent dans la Pléiade.
Plusieurs oeuvres de Simone de Beauvoir entrent dans la Pléiade. © JEAN MEUNIER / AFP
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avec AFP , modifié à
Les cinq livres de mémoires de l'auteure sont publiés dans la prestigieuse collection, mais pas "Le deuxième sexe" ou "Le mandarin".

36 ans après l'entrée de Jean-Paul Sartre dans la prestigieuse collection, Simone de Beauvoir rentre à son tour dans la Pléiade. Ni Le deuxième sexe (1949), le livre-manifeste du mouvement féministe ni son roman Les Mandarins, prix Goncourt en 1954, ne figurent donc dans ces deux volumes de 1.584 et 1.696 pages. On y trouve en revanche les cinq livres de mémoires rédigés par Simone de Beauvoir : Mémoires d'une jeune fille rangée (1958), La force de l'âge (1960), La force des choses (1963), Tout compte fait (1972) et La cérémonie des adieux (1981), livre terrible sur les dernières années de Jean-Paul Sartre (disparu en 1980).

Histoire de l'émancipation. Les éditeurs ont ajouté à cet ensemble Une mort très douce (1964), témoignage sur la disparition de sa mère. Simone de Beauvoir (1908-1986) entrait dans sa cinquantième année quand elle a commencé à écrire "Mémoires d'une jeune fille rangée", histoire de l'émancipation, au début du 20ème siècle, d'une jeune femme issue d'une famille bourgeoise parisienne, aimante et cultivée, mais horriblement conformiste à ses yeux.

Comptant parmi les œuvres les plus connues de l'écrivaine, ce texte est aussi l'un des plus émouvants écrit par une auteure parfois accusée de manquer d'empathie. Le portrait de son amie Zaza (Elisabeth Lacoin), sa soeur spirituelle, foudroyée en novembre 1929 à l'âge de 21 ans, demeure un des textes les plus poignants sur l'amitié.

Grand désenchantement. Quand Simone de Beauvoir évoque dans La force des choses les désillusions de la libération, les promesses non tenues des guerres anticolonialistes, on distingue entre les lignes un grand désenchantement. Concernant le couple singulier qu'elle forma avec Sartre, la romancière (qui passe sous silence les relations amoureuses qu'elle noua avec certaines de ses anciennes élèves) évoque en revanche sa liaison avec l'Américain Nelson Algren puis avec Claude Lanzmann.

"Ma mort ne nous réunira pas". "La présence de Lanzmann auprès de moi me délivra de mon âge", écrit-elle joliment en évoquant sa relation avec le cinéaste alors qu'il avait 27 ans et elle 44. Quant à Sartre, elle dresse le bilan de leur vie pas si commune à la fin de La cérémonie des adieux. "Sa mort nous sépare. Ma mort ne nous réunira pas. C'est ainsi; il est déjà beau que nos vies aient pu si longtemps s'accorder".