Sanseverino : "Les collectionneurs ne sont pas tous des salopards mais font monter les prix des guitares"

© JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP
  • Copié
A.D
Le chanteur poursuit la tournée après avoir sorti, Papillon, un album et une BD inspirés du roman éponyme d'Henri Charrière paru en 1969. Et travaille déjà sur un opéra et un nouvel opus.
INTERVIEW

Au-delà de sa musique, qui se fait souvent le témoin de l'époque, Sanseverino est reconnaissable à son style : cheveux en pétard, boucles d’oreilles, tatouages et chemises rockabilly. Une sorte de chevalier moderne, du moins un chevalier des arts et des lettres depuis 2008, qui a aussi été élu "Révélation scène" aux Victoires de la musique en 2014. Il était, samedi, l'invité d'Europe 1 Music club pour évoquer tournée et nouveaux projets.

Premier contrat à 39 ans. L'artiste a dû attendre ses 39 ans avant d'être adoubé en signant un contrat avec une maison de disques. Il pensait alors à faire autre chose que de la musique. "J'étais un peu en bout de course. Cela faisait longtemps que j’attendais quand ça m’est arrivé, en 1999. Je n’en pouvais plus. Je suis arrivé à ce truc-là super tard." Pour son dernier album studio, "Papillon", soit 16 ans de carrière plus tard, le musicien s'est inspiré de littérature. Plus précisément du roman Papillon, d'Henri Charrière. "J’ai cherché dans tout le livre tous les sujets de chansons. Il y a plein de trucs intéressants, ça n’arrête pas, c’est un bouquin d’aventures merveilleux. Il n’y a pas une page où il ne se passe rien", résume-t-il. Résultat : 13 chansons dans l’album qui parcourent l’histoire du héros – Papillon – un caïd de Montmartre qui est envoyé au bagne de Cayenne. Le lecteur le suit de son procès à son arrivée au Venezuela, en passant par ses évasions de prison.

Entendu sur europe1 :
Si on veut une guitare à 600.000 dollars on peut aller se la chercher, moi non !

Un roman qui inspire un album qui inspire une BD. Si le roman a inspiré l'album, c'est la pochette du disque qui a été à l'origine... d'une BD ! Le style de la pochette est "à la Robert Crumb", un dessinateur des années 50 qui dessine des femmes généreuses, mais aussi des portraits de musiciens. Sanseverino demande à son ami Sylvain Dorange de lui faire une pochette "à la Crumb". La maison de disques adhère et suggère même une BD. Sanseverino y est dessiné dans les années années 30-40. "Sylvain est un copain, il a su enlever mes défauts, gentiment. Moi j’ai surtout été chiant sur les guitares". Sanseverino traque l'anachronisme : il ne fallait pas dessiner d'instruments qui auraient été inventées après.

papillon

Des dizaines de guitares. Car le musicien s’y connaît en la matière : "J’ai une dizaine de grattes qui marchent et puis encore le double qui ne fonctionnent pas bien et que je garde. Plus encore une autre dizaine, qui servent comme ça, de temps en temps." A chaque guitare son style. "Quand on les achète, on ne peut pas les revendre car c’est un peu nos bébés. Les collectionneurs ne sont pas tous des salopards mais font quand même monter les prix des guitares. Les musiciens, notamment les jeunes gens qui voudraient des vieux trucs, ne peuvent pas se les payer mais ce n’est pas grave, il y a tout un tas de guitares maintenant, avec un look un peu ancien et qui sont à bas prix. Si on veut une guitare à 600.000 dollars, on peut aller se la chercher, moi non !"

Un opéra sur le plaisir. Alors que la tournée de Papillon se termine, le chanteur travaille sur un tout autre registre : celui de l'opéra, mais revisité sur le thème "qui a le plus de plaisir, la femme ou l’homme ? " L’orchestre philharmonique de Calais et sa femme, Cécile Richard, qui est aussi la scénariste de la BD, s’attellent au sujet. "On voulait écrire sur des vrais trucs", faire un "opéra de couple" qui devrait être en scène à la fin mai. L'artiste continue d'écrire pour un nouvel album sur un registre qu'il connaît bien : celui de témoin de son époque.