Pourquoi il faut aller voir le film "Jackie"

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Natalie Portman, impériale, sait à la fois mimer la diction et les postures de l'ex-Première dame tout en apportant au personnage sa propre singularité. © Bac Films
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Guillaume Perrodeau , modifié à
Mercredi sort en salles un biopic sur Jackie Kennedy, l'ex-Première dame des Etats-Unis, incarnée par Natalie Portman.

Biopic singulier, Jackie de Pablo Larraín, arrive mercredi dans les salles françaises, apportant ainsi une belle promesse de cinéma. Le film s'intéresse à Jackie Kennedy, femme de John F. Kennedy, en se concentrant sur les quelques jours qui ont suivi l'assassinat de son mari. Porté par une Natalie Portman impeccable, le long-métrage réussit le tour de force d'embrasser le destin d'une femme en retraçant seulement une semaine de sa vie.

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Quelle image le peuple américain gardera-t-il de son président assassiné ? C'est l’inquiétude majeure de Jackie Kennedy, quelques heures seulement après la mort de son mari. La peur que JFK ne disparaisse encore, de l'Histoire. Tout le film s'articule autour de cette question du récit à livrer, celui qui sera suffisamment fort pour marquer les esprits. Face à l’exceptionnel - un président qu'on assassine -, il faudra donc convoquer la démesure : cérémonie en grande pompe, marche funèbre gigantesque, images chocs d'une femme et de ses deux enfants, orphelins, sous le feu des caméras.

Face à ce choix d'angle, le film pourrait se faire le petit porte-parole de cette histoire des coulisses. C'est malheureusement, et trop souvent, le chemin emprunté par bon nombre de biopics, qui donnent la sensation que la grande histoire de leur sujet se suffit à elle-même pour exister. Or, ce qui fait de Jackie un grand film, c'est justement que la caméra de Pablo Larraín épouse la même conviction que son personnage principal. Un cinéaste à la hauteur de son sujet, qui, plutôt que de se faire le simple témoin et passeur d'un moment d'Histoire, décide de l'étreindre pleinement.

Le réalisateur chilien fait ainsi de chaque séquence un moment historique : de cette scène intime dans une douche, où le sang de l'ancien président coule le long du dos de la veuve, jusqu'à la séquence de la marche funèbre où Jackie Kennedy et des dizaines de chef d'États venus du monde entier marchent au pas. Jackie redouble de travellings majestueux, de plans iconiques et de compositions solennelles marquantes.

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Au milieu de tout cela règne Natalie Portman. Impériale, elle sait à la fois mimer la diction et les postures de l'ex-Première dame tout en apportant au personnage sa propre singularité. On découvre l'actrice sous un nouveau jour : froide, parfois dure, alors qu'elle était si souvent enfermée dans des personnages de femme fragile.

Dans Jackie, vous ne trouverez pas le récit minute par minute, de l'assassinat du 22 novembre 1963 à Dallas. Comme un message au spectateur, Jackie Kennedy met en garde le journaliste venu l'interroger, au tout début du film. Pablo Larraín donne plutôt le sentiment d'avoir voulu esquisser un portrait à partir d'un événement cathartique, où la nature de l'ex-Première dame s'exprime dans sa totalité ; le passage de Mme Kennedy à Jackie.