Pierre Arditi : "L'art n'a pas de leçon de morale à recevoir"

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G.P. , modifié à
Sur Europe 1, le comédien a réagi à la polémique qui touche Catherine Deneuve, suite à son soutien à la tribune pour la "liberté d'importuner", paru dans Le Monde.
INTERVIEW

C'est une tribune, co-signée par Catherine Deneuve, qui continue de faire réagir. Signataire d'un papier qui prône "la liberté d'importuner", la comédienne a été vivement critiquée pour cette prise de position. Depuis, elle s'en est expliquée plus longuement à Libération. Interrogé à ce sujet dans Europe matin, Pierre Arditi est revenu sur cette polémique.

"Tout le monde lui tombe dessus". Pierre Arditi a consulté cette tribune qui fait débat. "J'ai lu le texte collectif, avec lequel je suis en partie d'accord, et plus circonspect sur d'autres points. Et j'ai aussi pu lire la lettre de Catherine Deneuve dans Libération qui, à mon sens, est exemplaire", explique le comédien. "Tout le monde lui tombe dessus car on pense qu'elle vit dans des palais dorés et qu'elle n'a jamais pris le métro de sa vie. Les gens qui disent ça ont de l'eau à la place de la cervelle", fustige l'acteur, qui salue le courage de Catherine Deneuve, "qui a pris son courage à deux mains alors qu'elle n'a rien à gagner là-dedans".

"La règle de l'art, c'est de pouvoir tout se permettre". Plus largement, Pierre Arditi a également réagi à la chronique de Nadia Daam dans Europe matin, qui tenait à revenir sur un point précis de la lettre de Catherine Deneuve : le spectre de la censure comme dérive possible du mouvement #MeToo et #BalanceTonPorc. Selon la chroniqueuse, la comédienne fait fausse route. Nadia Daam estime que le spectre de la censure est plus souvent le fait de conservateurs que de féministes. Et Pierre Arditi lui a répondu. "Je comprends ce que vous dites. (...) Mais cela créé simplement une ambiance générale qui, peut être, à un moment donné, est portée sur la délation et peut, au lieu de servir la cause, la desservir", estime l'acteur.

"Vous me dites que ce ne sont pas des féministes ? Très bien, peu importe. La règle de l'art, c'est de pouvoir tout se permettre, y compris de prendre la vie, de la mettre à l'envers et de regarder ce qu'il y a sous ses jupes, si vous pardonnez cette comparaison délicate. L'art n'a pas de leçon de morale à recevoir, il n'a pas non plus à en donner", affirme Pierre Arditi au micro d'Europe 1. "Il a le droit de fustiger le monde, il est là pour ça".

Le comédien déplore que ces dernières semaines, l'actualité ait été marquée par des exemples de polémiques touchant l'art. Il s'inquiète ainsi que l'on puisse "décrocher un tableau de Balthus car il serait un éloge à la pédophilie" ou encore "que l'on s'en prenne à un nu d'Egon Schiele". "Je vous demande pardon. J'aime les femmes, je leur dois tout, mais je ne peux pas rentrer dans ce type de raisonnement, dont d'ailleurs elles ne sont sans doute pas responsables", conclut l'acteur.

>> La chronique de Nadia Daam :