Philippe Besson : "Macron a à peu près toujours anticipé ce qui lui est arrivé"

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A.D
Le romancier a suivi Emmanuel Macron durant toute la campagne et en a tiré le livre "Un personnage de roman". Sur Europe 1, il en a raconté les coulisses.
INTERVIEW

Le roman Arrête avec tes mensonges de Philippe Besson sort en poche. Mais c'est sur un autre livre que l'écrivain s'est attardé dans l’émission Ceci dit. L'écrivain, proche du président de la République, a raconté les coulisses d'Un personnage de roman, son ouvrage sur l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron, qu’il avait par ailleurs conseillé durant la campagne. 

"Au cœur du réacteur". Ce qu'il l'a poussé dans cette initiative ? "J’étais au cœur du réacteur", déclare l'écrivain, qui avance aussi que la position de non-favori d'Emmanuel Macron en a fait un personnage idéal. "Si on avait dit dès le départ 'il va la gagner', ça ne m’aurait pas intéressé. (…) Je me suis dit 'Je suis prêt de ce jeune homme-là, ses chances de victoires sont à peu près nulles. S’il l’emporte à la fin, ça veut dire que le type se sera inventé un destin et qu’il aura fait l’Histoire'. (...) Ce qui est assez étonnant chez Emmanuel Macron, c’est qu’il a à peu près toujours anticipé ce qui lui est arrivé."

Et le romancier de redérouler le fil des événements : "Quand la primaire de droite a lieu en novembre 2016, on est tous convaincus que Juppé va l’emporter. Lui, dès le mois de septembre, me dit, 'Juppé ne gagnera pas, il est en mode planeur, il va se crasher.' Même chose quand au mois d’octobre, Macron lui dit que 'François Hollande est déjà mort. Il ne se présentera pas.' Quand la primaire de gauche s’enclenche, le romancier parie sur Valls. Emmanuel Macron lui soutient 'qu’il ne gagnera pas non plus'.

Entendu sur europe1 :
Macron m'a dit : 'Fillon ne se retirera jamais, c’est un bourgeois du 19e siècle, i ne voit pas où est le problème"

"Alors, ce qu’il n’a pas prévu, c’est évidemment les affaires Fillon", tranche Philippe Besson. "Mais, au moment où Fillon est englué, je lui ai dit que Fillon allait se retirer, et il m'a dit 'Fillon ne se retirera jamais, c’est un bourgeois du 19e siècle, il ne voit pas où est le problème'", raconte encore l'écrivain qui s’est autorisé à tout écrire - sans relecture d'Emmanuel Macron - à une exception près : "La seule chose que je n’ai pas mise parce que ça ne passe pas la barrière de l’écrit, ce sont ses traits d’humour. Il est très dans le second degré. Et quand vous l’écrivez, ça reprend une forme de premier degré." L'écrivain glisse toujours recevoir des messages, parfois des blagues de Macron, "souvent entre minuit et deux heures du matin. C’est un humour assez à la Audiard", qu'il faut traduire par "pas toujours" au-dessus de la ceinture.

"Pas question que je renonce à mon nom". Le manuscrit terminé, il a été envoyé par la Poste à plusieurs éditeurs. Albin Michel a répondu en premier et demandé au romancier de changer de nom "parce qu’il y avait un autre Besson dans la maison." Philippe Besson refuse catégoriquement. "Il n’était pas question que je renonce à mon nom. Renoncer à son nom, c’est renoncer à son histoire familiale et à son identité."