James Manson et Sue Lyon, héros de l'adaptation de Stanley Kubrick, en partie scénarisée par Vladimir Nabokov lui-même. 1:15
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Nicolas Carreau, édité par Romain David , modifié à
Alors que plusieurs affaires d'inceste ont éclaté ces dernières semaines en France, la publication des œuvres complètes de Vladimir Nabokov en Pléiade se voit pointée du doigt, tant l'écrivain reste associé à son sulfureux roman "Lolita". Un texte souvent considéré comme une apologie de la pédophilie, ce dont s'est toujours défendu Nabokov.

Jeudi, la très prestigieuse collection de la Pléiade publie un troisième tome consacré aux œuvres de Vladimir Nabokov. Une sortie qui résonne étrangement en ce moment, avec la multiplication des affaires de pédocriminalité, dans la mesure où l'écrivain d'origine russe est souvent résumé à son plus célèbre opus, Lolita, et à l’hyper sexualisation des jeunes filles. C'est pourtant lui faire un mauvais procès, conséquence d'une lecture approximative d'un texte qui déchaîne les passions depuis plus de 65 ans.

Car Lolita, le chef d’œuvre de Nabokov, c’est l’histoire d’un malentendu. À l’époque de sa publication, en 1955, il fait déjà scandale. On accuse le roman d’être vénéneux, pornographique, bourré d’insanité. Il est d’ailleurs interdit en France jusqu’en 1958. Et pour cause : il s’agit de la confession d’Humbert Humbert, un quadragénaire qui tombe amoureux de sa belle-fille, Dolorès Haze, 12 ans et demi, qu’il surnomme Lolita. Il en devient le tuteur et abuse d’elle lors d’une errance à travers l’Amérique des années 1940. 

Une confusion entre l'auteur et le narrateur

Mais Lolita n’est pas, comme on l'a trop souvent dit, une apologie de la pédophilie : ce sont les confessions d’un pédophile. Nabokov réprouvait le comportement de son personnage. Il expliquait d’ailleurs lui-même que le sujet était si éloigné de lui qu’il lui avait fallu déployer toutes ses ressources littéraires pour rendre le récit vraisemblable. Malgré cela, le lecteur a souvent eu tendance à associer l’auteur et le narrateur de ce récit à la première personne. Et le malentendu refait surface de temps à autre.

Par ailleurs, on a tendance à oublier que Lolita est loin d’être le seul roman de Nabokov. Il en a écrit une vingtaine. Dans le troisième tome de la pléiade, on peut notamment lire Ada ou l’ardeur, une histoire d’amour dont Nabokov déclarait vouloir que l’on se souvienne de lui pour ce roman-là.