La célèbre affiche de Toulouse-Lautrec pour annoncer le bal du Moulin Rouge.
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Guillaume Perrodeau , modifié à
Christophe Hondelatte s'intéresse jeudi à Louise Weber, célèbre danseuse de french cancan à la fin du 19ème siècle.

Christophe Hondelatte revient jeudi sur un destin féminin hors du commun : celui de la danseuse Louise Weber, alias la Goulue. Elle fit les beaux jours du Moulin Rouge à la fin du 19ème siècle.

 

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"Mais tu as le diable dans la peau ?". Dès le plus jeune âge, Louise Weber se découvre une passion pour la danse. C'est sa mère qui lui donne le goût de cet art, et son père qui lui apprend le chahut, un pas de danse proche de ce que sera le french cancan. Dès 13 ans, malgré les récriminations de sa mère, la jeune fille fréquente les guinguettes au nord de Paris. En voyant sa fille tout le temps danser et gesticuler, Madelaine Weber lui lance : "Mais tu as le diable dans la peau ?". Le diable non, mais l'envie de faire ce qu'elle veut, oui. La jeune Louise est indépendante et entend bien le rester.

Ses 18 ans marquent ses débuts en tant que danseuse professionnelle, à l'Elysée Montmartre. Louise Weber alias la Goulue est lancée, elle n'est plus cette danseuse anonyme au milieu de la foule. À l'Elysée Montmartre, on ne vient plus danser entre-soi. On vient pour assister à des exhibitions de danse.

La rencontre avec Toulouse-Lautrec. Louise Weber apprend le métier auprès d'une certaine Lucienne Beuze, alias Grille d'égout. Toutes les deux font naître le quadrille naturaliste, l'ancêtre du french cancan. Les robes se soulèvent, les jambes montent en l'air, ce qui est du goût du public et notamment d'un certain Henri de Toulouse-Lautrec, le peintre. Il adore son "coup de cul". La Goulue deviendra sa muse. L'artiste lui consacre une centaine de dessins et de tableaux, mais qui finiront pour la plupart brûler par la mère de Toulouse-Lautrec.

Une personnalité hors du commun. Son destin de danseuse bascule en 1889, lorsqu'elle rencontre Joseph Oller. L'homme souhaite ouvrir un cabaret place Blanche, à Paris. Un lieu qui deviendra mythique : le Moulin Rouge. L'homme recrute La Goulue et Grille d'égout. Louise a alors seulement 23 ans et pendant six années, elle va tenir le haut de l'affiche dans ce cabaret. "C'était une personnalité hors du commun, avec un certain charisme, une figure qui marque son époque : une féministe avant l’heure", résume Maryline Martin, auteur du livre La Goulue : Reine du Moulin Rouge.

Finalement, après 15 années de cancan dont près de la moitié au Moulin Rouge, Louise Weber se retire. "Elle est fatiguée, à bout de course et elle veut partir comme une reine", décrit Maryline Martin. Elle s'éloigne de Montmartre et se lance dans les fêtes foraines. Un choix qui causera sa perte. "Elle finit oubliée, pauvre, dans une zone de non-droit", explique l'auteur de La Goulue : Reine du Moulin Rouge. "C'était une femme de son temps, terriblement contemporaine, humaniste et généreuse. Elle était unique, il n’y a qu’une seule Goulue."