Julien Clerc : "Ce qui fait qu'une chanson dépasse les autres, c’est la grâce"

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A.D
Le chanteur qui fêtera ses 50 ans de carrière en 2018 a raconté son enfance, marquée par le divorce de ses parents et son amour pour la chanson toujours vivace.
INTERVIEW

Son père aurait voulu qu'il fasse l'Ena et devienne préfet, Julien Clerc a préféré la chanson. Il sort d'ailleurs un best-of, Fans, je vous aime, dont les chansons ont été sectionnées par ses fidèles admirateurs. Dans l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie, le chanteur est revenu sur sa passion pour la musique et sur sa famille.

"J'ai été confié à mon père". Enfant, il n'aimait pas Noël. "Parce que mes parents étaient séparés. Le premier Noel dans un foyer, le deuxième dans l’autre... Il y avait quelque chose d’un petit peu triste." Longtemps, pour les mêmes raisons, il n'a pas aimé l'automne, emprunt pour lui d'une odeur de tristesse. "Chose rarissime à l’époque, j’ai été confié à mon père. Il s'est surement plus battu pour m’avoir, il avait plus d’instructions, il était mieux entouré. Ma mère était très jeune, ils avaient une grande différence d'âge. Elle a dû penser que son mari lui était supérieur." Son père avait fait Normale Sup' et sa mère d'origine antillaise était la fille de l'aide-ménagère de son grand-père. "Avoir eu ces deux milieux" lui a donné "une très grande force", commente-t-il.

" Il y a des gens que je ne vais plus voir parce que je sais que je ne vais pas revoir ce que j’aimais, ce qui m’a fait vibrer quand j’avais 20 ans ou 25 ans. "

Malgré le souhait de son père de le voir dans une carrière politique, il rate Sciences-Po, pas du tout passionné par l'exercice et se tourne vers la chanson, une passion découverte peu après 17 ans. Il écrit avec Etienne Roda-Gil. Sa première chanson, La Cavalerie sort en mai 68. "Il y avait dans les chansons écrites à cette époque des messages, des slogans, qui auraient pu se retrouver sur les murs" comme son "J’abolirai l’ennui".  Il fait ensuite la première partie de Gilbert Bécaud à l'Olympia puis la comédie musicale Hair, enchaîne les tubes toujours en compagnie de Roda-Gil. "J'avais une drôle de voix, une drôle de musique, lui des drôle de textes. Il ne ressemblait à personne."

Pourtant, comme Gainsbourg, il parle de la chanson comme d'un art mineur et refuse de parler "d’œuvres". "Ce qui fait qu'une chanson dépasse les autres, c’est la grâce. Une chanson qui a la grâce, je ne sais pas comment on la fait, il se trouve qu’il y en a qui l’ont."

Dylan, l'idole qui maltraite ses chansons. Après les années de carrière, bientôt cinquante (en 2018), il vit avec une grande famille recomposée et continue la mission qu'il s'était fixée : "écrire des bonnes chansons et être capable physiquement et vocalement de les chanter, de ne pas décevoir. Il y a des gens que je ne vais plus voir – je ne citerai par leur nom – parce que je sais que je ne vais pas revoir ce que j’aimais, ce qui m’a fait vibrer quand j’avais 20 ans ou 25 ans." Il pardonne encore à Bob Dylan, une de ces idoles. "Il faut vraiment que ce soit lui pour que je supporte le traitement qu’il fait à ses chansons."