La technique de Jérôme Commandeur ? Une douceur de surface, pour mieux torpiller et surprendre son public. 3:00
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Aurélie Dupuy , modifié à
Sous couvert de bienveillance, l'humoriste torpille à tout va dans son spectacle "Tout en douceur" qu'il joue actuellement au Casino de Paris.
INTERVIEW

Sur son affiche, Jérôme Commandeur a les yeux bleus et un pull en laine tout doux assorti à ses iris modifiées. L'affiche parodie une pub de lessive et s'accorde au titre de son spectacle, Tout en douceur, qu'il joue au Casino de Paris. Elle lui permet aussi de prendre le contre-pied : montrer un peu de douceur pour mieux torpiller. L'humoriste s'en est expliqué dans Le grand journal du soir de Philippe Vandel.

"Fausse piste". Le comique titille son public : "J'aimais bien l'idée de la bienveillance, du cocooning, qui me permet d'envoyer une fausse piste parce qu'à l'intérieur, c'est beaucoup plus trash. J'aime bien l'idée de dire des choses un peu hard, un peu trash, qui viennent bousculer les gens dans une enveloppe un peu chic, jolie." Et Jérôme Commandeur n'hésite pas à dégainer. Ce qui passe à la moulinette ? Les Vosges notamment. Une opération de destruction d'une minute et demie pour laquelle il prépare le public pendant cinq minutes. "C'est la technique du lance-pierre. Je prépare tellement les gens qu'ils se demandent où je les emmène et paf ! Je lâche les cartouches et les gens sont un peu terrassés de ce qu'ils viennent d'entendre."

Un espace "libérateur". Mais Jérôme Commandeur ne s'arrête pas là, loin s'en faut. "Le spectacle est un des rares espaces non médiatisés. Il n'y a pas d'enfant qui crie, on est dans le noir, il n'y a pas de téléphone, on ne filme pas alors qu'aujourd'hui, il y a des caméras partout. Il y a ce truc très jouissif, très libérateur d'aller très loin". Alors tout y passe : les forums d'avis sur tout et n'importe quoi ou la télévision : "Je parle des gens qui se font escroquer en vacances et qui vont ensuite chialer dans Capital". Ou encore France 2, qualifiée de chaîne "des vieux".

"Une tape, une caresse". S'y ajoutent ceux qui disent que 'c'était mieux avant' ou 'qu'on a besoin de rire, surtout en ce moment', des phrases toutes faites qui donnent l'occasion à l’humoriste de comparer l'époque à celle où sévissait la lèpre. À la volée, il s'insurge aussi contre la propension des Français à se dire "bon courage" comme si un missile allait arriver sur la France ou se moque, encore, de leur goût pour les morts : "Tu ne peux pas allumer une télé sans qu'il y ait Joe Dassin, Balavoine, Dalida, Clo-Clo..." Le tout saupoudré quand même d'un peu de douceur pour qu'à la fin "il y ait quelque chose de bienveillant". C'est ce qu'il appelle cette fois la méthode "une tape, une caresse".