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Aurélie Dupuy
L'écrivain, qui sort le roman "Gare à Lou !", n'a pas livré ses recettes d'écriture mais ses goûts et habitudes culinaires dans l'émission "La table des bons vivants".
INTERVIEW

Dans Fleur de Tonnerre, Jean Teulé racontait le parcours de la Bretonne Hélène Jegado, qui empoisonnait ses gâteaux. Loin d'en arriver à l'arsenic, Jean Teulé ne fait pas attention à manger vraiment sain. "Je mange trop salé", précise l'écrivain, invité de l'émission La table des bons vivants. L'auteur du Magasin des suicides, qui vient de sortir un nouvel ouvrage, Gare à Lou !, se tient également assez loin des recommandations quant à la pratique de l'exercice physique. "Je ne fais pas de sport du tout", glisse-t-il, avant d'ajouter comme une excuse qu'il ne fait "plus qu’un repas par jour. Plus j’ai les moyens de me payer à manger, moins je mange. Je ne mange que le midi et je m’aperçois qu’il n’y a pas besoin de manger le soir ni le matin pour moi", précise-t-il.

Néanmoins amateur, entre autres, de pâté en croûte et de bon vin, le romancier se décrit comme bon vivant. Pour mieux le connaître côté papilles, il a accepté de passer sur le gril des questions de Laurent Mariotte.

Le questionnaire culinaire des bons vivants

-Le goût de votre enfance ?

"Un alcool ! Quand on était enfant, on avait le droit de tremper un morceau de sucre. Ma grand-mère faisait un alcool qu'elle appelait le 44. Et je l'aidais à faire ça. On prend une orange, on y plante une fourchette. Dans chaque trou, on met un grain de café. On plante la fourchette 11 fois, ce qui fait 44 grains de café dans l'orange. On met un litre d'eau de vie (que mes oncles faisaient). On met 44 petits morceaux de sucre. On laisse macérer 44 jours. On filtre et on a du 44. J'adorais ça."

-Votre plus beau repas ?

"C'est un repas où je ne me rappelle pas du tout de ce que j'ai mangé. C'est un truc que je n'ai fait qu'une seule fois. J'étais dans un restaurant, en train de finir mon repas et, à côté, arrive un monsieur visiblement SDF qui sort un paquet de pièces et qui demande à la serveuse si la formule est bien à tant. Il commande la formule, je finis mon repas, je paye et j'ai dit à la serveuse que je payais aussi le repas du monsieur. Je suis sorti et j'imagine qu'à un moment, il a appelé la serveuse, a demandé la note et qu'elle lui a dit que le monsieur à côté avait payé. Moi, ça m'a rendu heureux. J'espère que ça l'a rendu heureux aussi."

-Votre pire repas ?

"Il m'est arrivé exactement l'inverse : j'étais dans un restaurant, je commande un plat, je prends ma fourchette, je goutte une bouchée, j'appelle le patron et je lui demande l'addition. Il me dit 'Vous n'avez pas mangé' et j'ai répondu que j'allais plutôt aller dans un restaurant où l'on savait cuisiner. Et je suis allé dans le restaurant d'en face, à la grande stupeur de tout le personnel."

Hitchcock aimait bien laver et nettoyer la cuisine comme si en sortant, il avait effacé toutes les traces d'un crime.

-Votre mot préféré en cuisine ?

"Vaisselle. J'adore faire la vaisselle et j'ai appris il n'y a pas longtemps qu'Alfred Hitchcock aussi ! Il aimait bien laver et nettoyer la cuisine. Comme si il avait effacé toutes les traces d'un crime."

-Quels sont les invités de votre dîner idéal ?

"J'aurais aimé dîner avec Verlaine, qui avait inventé un plat qu'il appelait 'le plat canaille' : une salade de bœuf avec des morceaux de hareng, des oignons hachés crus dessus, le tout très épicé avec des pommes de terre chaudes. Il y a un restaurant à Bordeaux qui faisait ce plat."

-Quel plat emmèneriez-vous sur une île déserte ?

"Un vol-au-vent. Sur une île, on est dans une prison. Avec le vol-au-vent, je me dis que ça me ferait peut-être quitter cette prison."

-Le mot de la FAIM ?

"Y'a du rab ?"