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Aurélie Dupuy
L'acteur est un grand amateur de nourriture terrestre comme littéraire et rapproche les deux dans les bistrots.

Au théâtre, il a joué les plus grands auteurs. Il vient d'ailleurs de triompher avec Pierre Arditi dans Tartuffe de Molière. Jacques Weber est un acteur qui dit manger les mots. Volontiers partant également pour manger tout court, il était l'invité de La table des bons vivants alors que sort son livre L'entrée des mots. L'acteur a expliqué pourquoi il avait d'ailleurs fait entrer Victor Hugo dans les bistrots.

"Un des rares lieux où tout le monde se mélange"

Les sandwicheries, très peu pour lui. "Je n’en peux plus", clame Jacques Weber. "Quand je vois les restaurants de rapidité qui s’installent, ça me rend malade. Il faut prendre le temps pour convivialiser, bouffer, manger, échanger", insiste le comédien, davantage partisan des bistrots : "On rencontre des inconnus absolument magnifiques. Le bistrot, c'est encore un des rares lieux, comme le marché, où tout le monde se mélange, où ça parle avec tout le monde. Tous les matins, je prends mon petit-déjeuner au bistrot en bas de chez moi. On commente le foot, les actualités. il y a des propos excessifs, épouvantables, d'autres plus généreux. Tout ça fait partie de la vie, le bistrot, c'est essentiel", assure l'acteur.

Il a d'ailleurs réuni la littérature et les bistrots. "Dire Hugo dans un bistrot, c'est partager une très grande chose, comme un immense plat, une chose rare. Et non pas vous dire 'Mesdames, messieurs, je vais vous asséner la culture.' J'aime bien réduire la distance."

Le questionnaire des bons vivants

Pour mieux le connaître côté fourchette, l'acteur a accepté de passer sur le gril des interrogations de Laurent Mariotte :

-Le goût de votre enfance ?

"Les frites. C'était pour une occasion exceptionnelle. Alors que maintenant, je ne supporte plus les frites. Je n'aime pas ça du tout."

-Votre plus beau repas ?

"C'est un souvenir assez émouvant. Ma maman a disparu un soir où j'avais organisé une surprise chez moi, un anniversaire de ma femme, où Marc Veyrat avait cuisiné. Il a fallu que je joue la comédie avec mes invités. Il valait mieux que je garde ça plutôt que je pleurniche tout seul. Pour moi, c'est un souvenir énorme de deux souvenirs qui se rencontrent, une cuisine immense et le souvenir de ma maman qui était un grand cordon bleu. C'est à vie une chose qui me lie à Marc à jamais."

-Votre pire repas ?

"Je le hurle : n'allez jamais chez La mère Poulard au Mont-Saint-Michel. Ce sont des œufs industriels. C'est nul. Et les tarifs vous cartonnent ! Ils vous servent mal... C'est une escroquerie absolue."

-Quel plat emmèneriez-vous sur une île déserte ?

"Le pot-au-feu. C'est complet. De la gîte avec des bons légumes. Et surtout la petite sauce qu'a inventée ma femme : le jaune d’œuf écrasé avec du persil et de l'huile d'olive. Tu balances ça sur tes pommes de terre, c'est monstrueux."

-Quel est votre mot préféré en cuisine ?

"L'authenticité."

-Quel est l’ingrédient que vous n'aimez pas en cuisine ?

"La betterave, même de loin. Et le concombre."

-Quels sont les invités de votre dîner idéal ?

"Ma famille : mes enfants, j'ai la chance de les aimer, ce n'est pas obligatoire. Ils sont magnifiques. Ma femme et deux grands copains de la grande cuisine, de la grande bouffe, Marc Veyrat et Hugo Desnoyer (boucher, ndlr), qui sont des gens que j'aime énormément."

-Le mot de la FAIM ?

"J'aime bien le mot 'bouffer'. Il est excessif, il se rue sur quelque chose, il faut faire gaffe aussi mais j'aime bien. Je n'aime pas trop tous les grands discours à pincettes. J'ai très peur de ça. Il faut de la délicatesse pour manger parfois mais j'aime bien le terme 'on va bouffer'. Le mot est rond comme une bonne cassolette !"