Niels Arestrup 2:21
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Mathilde Durand , modifié à
Niels Arestrup vient de remporter le Molière du meilleur comédien dans un spectacle privé pour son rôle dans "Rouge", de John Logan, mise en scène par Jérémie Lippmann. Sur Europe 1, il confie sa vision du "monde d'après" et espère que le théâtre puisse reprendre à la rentrée.
INTERVIEW

Mardi, à l'occasion de la cérémonie des Molières, enregistrée en plusieurs fois et diffusée sur France 2, le comédien Niels Arestrup a remporté la statuette du meilleur comédien dans un spectacle privé. Une récompense qui sacre son rôle dans Rouge, une pièce de John Logan, mise en scène de Jérémie Lippmann, qui raconte une "joute verbale passionnée" entre le peintre Mark Rothko et son assistant, Ken, dans les années 1950. Une cérémonie particulière, marquée par l'épidémie de Covid-19 qui a mis à l'arrêt le monde de la culture. Comme tous ses confrères, le comédien est dans l'attente de pouvoir remonter sur les planches, non sans appréhension. 

Remplacer la peur par le désir

"Je suis comme tous mes camarades, quelqu'un qui aimerait bien, quelqu'un qui se demande si les choses vont bien tourner ou mal tourner d'ici la rentrée", confie le comédien sur Europe 1, qui s'accroche à la possibilité de faire une tournée de septembre à décembre puis de reprendre la pièce à parti de janvier au Théâtre Montparnasse. "On essaie de mettre toute notre énergie dans l'envie de repartir, dans l'envie de rencontrer les gens."

 

"Je sais bien que le problème, c'est qu'il y a un tel traumatisme de se retrouver dans des endroits confinés pendant une heure et demie ou deux heures. Il faut que les gens n'aient pas peur, comme on dit. Il faudrait qu'ils dépassent la peur avec le désir, ce qui n'est jamais complètement facile. Et donc, on s'attend à des moments particuliers qui seront sans doute un peu difficiles les premières semaines, en espérant que (...) le théâtre reparte", poursuit-t-il. "Mais je comprends. Même moi, j'ai une appréhension que ce soit pour rentrer dans une salle de cinéma ou dans une salle de théâtre. Il faut simplement que le désir devienne assez fort à l'intérieur de chaque individu pour qu'il passe le pas".

"Soyons optimistes"

L'épidémie de coronavirus a laissé des traces, y compris au sein du monde de la culture. Mais pour le "monde d'après", Niels Arestrup choisit l'optimisme. "Il y a des événements extrêmement denses comme celui là où les changements sont un peu plus importants. Mais la vie est toujours un mouvement et pour l'instant, on a une espèce de petit sourire, d'optimisme, et on espère que ce sourire va pouvoir rester sur les lèvres, avant que peut-être d'autres événements nous embêtent, mais soyons optimistes", lance le comédien. "Il y a des gens qui croient et je comprends ça très bien. Et puis il y a des gens qui espèrent. Moi, je suis un espérant. Je ne suis pas un croyant."

Lors de la remise de son trophée, Niels Arestrup a défendu cet espoir de changement et a évoqué l'idée d'une cérémonie qui ne serait pas une compétition au sein de la "famille du théâtre". "Je rêve qu'on puisse faire une fête du théâtre comme on fait une fête de la musique et où les intermittents, les connus, les pas connus d'un peu partout  viennent apporter des textes aux gens, viennent chez eux ou viennent dans des endroits, que ce soit un peu plus festif, dans les rues, dans toutes les villes...", imagine le comédien. "Ce n'est pas une obligation, mais je trouve que si on retire ce côté compétition et hiérarchie, peut être qu'on gagne une liberté supplémentaire. Et peut être que ça donnera aussi autant envie aux gens de venir au théâtre, que la cérémonie des Molières que je respecte."