Ibrahim Maalouf : "On me présente comme un trompettiste de jazz d’origine arabe, ce n'est pas tout à fait vrai"

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Aurélie Dupuy
Le musicien sort un onzième album, aux influences sud-américaines. Surprises, on y retrouve Barack Obama et Salvador Allende en "guest stars".
INTERVIEW

S3NS ? Le titre du onzième album d'Ibrahim Maalouf pourrait sembler être un nom de code obscur. Il faut comprendre Sens, a expliqué dimanche le musicien à Bernard Poirette dans la matinale d'Europe 1. "J’ai retourné le E pour en faire un 3. Il y a plein, plein, de raisons derrière. J’avais envie de relier les trois significations du mot 'sens' parce que pour moi, elles sont indissociables. (...) Je laisse les gens réfléchir là-dessus", complète le musicien, énigmatique.

Barack Obama, une "voix très musicale" 

Le contenu du disque est quant à lui beaucoup plus limpide et prend un virage vers l'Amérique du Sud. Le trompettiste livre ainsi l'album qu'il souhaitait "faire depuis longtemps" mais sans oser. "Parce qu’on me présente plutôt comme un trompettiste de jazz d’origine arabe. Ce n’est pas tout à fait faux, mais pas tout à fait vrai non plus. On a une bonne partie de notre famille en Amérique du Sud. Depuis des années, je travaille avec des musiciens sud-américains, cubains, argentins, brésiliens, il y a un moment où il fallait que ça sorte", explique-t-il.

L'Amérique du sud, sa musique et plus globalement, sa culture et son actualité infusent ainsi le disque. Dans Una rosa blanca, l’ouverture de l’album, on ne peut manquer la voix de Barack Obama, reprenant un poème de José Marti en offrant au peuple cubain un message de paix. "Sa voix est très musicale. Ça fait un super solo", glisse Ibrahim Maalouf à propos de l'ancien président des Etats-Unis. Le reste du disque est instrumental et fait la part belle à la trompette à quatre pistons, inventée par le père du musicien. Puis, une autre voix se fait entendre, incrustée en dernière piste. Celle de Salvador Allende, ancien président chilien.

 

Messages de paix et de résilience

Des deux grands hommes - en ouverture et en clôture d'album - Ibrahim Maalouf souligne un point commun : "Leurs voix portent un message très fort, qu’on adhère à leurs opinions et à leurs idées politiques ou pas. Dans les deux cas, ils représentent ce que j’essaye de faire avec ma musique humblement", un message de paix et de de résilience.