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Tiffany Fillon
Comment expliquer que le milieu littéraire des années 90 ait glorifié Gabriel Matzneff, un homme se vantant d'avoir des relations sexuelles avec des enfants ? C'est la question à laquelle a répondu, mercredi, l'écrivain Frédéric Beigbeder, au micro de Philippe Vandel. L'écrivain faisait partie du jury qui a décerné, en 2013, le prix Renaudot essai à Gabriel Matzneff.
INTERVIEW

Présenté par le Journal du dimanche comme "la figure la plus influente de Saint-Germain-des-Prés", le romancier Frédéric Beigbeder s'est exprimé au micro de Philippe Vandel, mercredi, sur l'affaire Gabriel Matzneff, un écrivain qui se vantait d'avoir des relations sexuelles avec des très jeunes filles et garçons. En 2013, Gabriel Matzneff a obtenu le prix Renaudot Essai et Frédéric Beigbeder faisait partie du jury, aux côtés de Franz-Olivier Giesbert, président du jury.

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En revenant sur cet élément de son passé, Frédéric Beigbeder a affirmé se sentir "horriblement coupable", notamment à l'égard de Vanessa Springora, qui vient de publier Le Consentement, livre dans lequel elle accuse Gabriel Matzneff d'avoir abusé d'elle dans sa jeunesse. "Je suis extrêmement confus et malheureux de cette situation et surtout de la souffrance de Vanessa Springora", a-t-il dit. 

Frédéric Beigbeder présente ses excuses 

Se disant "consterné et effaré", il a également expliqué avoir été sous le choc, après la sortie du Consentement, qu'il recommande d'un point de vue littéraire. "C'est extrêmement troublant de se dire que l’on avait la version de Gabriel Matzneff dans cette histoire et que, là, on a une autre version, qui souligne un traumatisme de plusieurs décennies", déplore Frédéric Beigbeder.

Pour expliquer le succès passé de Gabriel Matzneff, Frédéric Beigbeder évoque une époque aux préoccupations éloignées de celles du monde actuel. "Je ne sais pas si on lui donnerait aujourd’hui [le prix Renaudot essai, NDLR] parce que précisément, il y a un regard qui a totalement changé sur cette époque avec le mouvement Me Too", explique-t-il avant d'ajouter que "c’est toute une époque et un milieu qui doivent s’interroger sur comment on a pu laisser faire ça."

"Déjà à terre"

Autre élément qui puisse expliquer un tel intérêt médiatique : le fait même que Gabriel Matzneff soit un écrivain. "On pensait qu'il était peut-être un mythomane. Après tout, les gens qui écrivent transforment la réalité donc nous n'étions pas certains que cela fut exact. Mais avec ce témoignage là [celui de Vanessa Springora, NDLR], maintenant on comprend qu'il y a une douleur et que cela doit se respecter", affirme Frédéric Beigbeder. 

Visé par une enquête pour viol sur mineur de moins de 15 ans, Gabriel Matzneff ne pourra plus vendre son journal intime par le biais de la maison d'édition Gallimard, comme celle-ci l'a annoncé mardi. De son côté, Frédéric Beigbeder ne souhaite pas non plus l'accabler. "Je ne peux pas enfoncer quelqu’un qui est déjà à terre et qui fait l’objet d’une chasse à l’homme", se justifie-t-il.