Bartabas 1:59
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Laetitia Drevet
Le prolongement de la fermeture des lieux culturels comme les cinémas, théâtres et autres musées est difficile à accepter pour le monde de la culture. Invité d'Europe 1 mardi matin, Bartabas, fondateur du théâtre équestre Zingaro, s'est dit "furieux" de changements de cap "ridicules".
INTERVIEW

C'était une douche froide. Alors que les cinémas, théâtres, musées et autres salles de spectacle étaient dans les starting-blocks pour rouvrir, le Premier ministre Jean Castex a annoncé jeudi qu'il faudrait faire preuve encore d'au moins trois semaines de patience. "Tout le monde est consterné", s'impatiente Bartabas, fondateur du théâtre équestre Zingaro, invité d'Europe 1 mardi matin. Il pointe du doigt des changements de cap "ridicules".

"Je n'ose plus dire au public de venir pour annuler ensuite"

Le metteur en scène se dit "furieux" de "l'incompétence voire de l'inconscience" du ministère de la Culture. "On ne peut pas jouer comme cela avec les artistes, avancer des dates pour les reporter en suite", souligne-t-il. Après un premier report début novembre, son dernier spectacle, qui devait s'ouvrir mi-décembre, a dû être annulé. Il ne se tiendra finalement pas avant l'été. "Je n'ai pas le choix, il faut être réaliste. Je n'ose plus dire au public de venir pour annuler ensuite."

"Le président humilie le milieu de la culture"

Il regrette que les directives du gouvernement puissent changer d'un jour à l'autre et loue par opposition l'attitude de la chancelière allemande, Angela Merkel. "Au moins, elle dit les choses franchement. Elle dit aux artistes que tout restera fermé jusqu'à nouvel ordre. C'est un langage clair qui leur permet de s'organiser." Bartabas critique le "jeu médiatique" français dans lequel l'exécutif "garde le suspens" tout en "jetant une carotte de temps en temps". "Il faut avoir le courage d'affronter la situation."

Bartabas conclut : "Le président humilie le milieu de la culture. Comment peut-il ? Le monde entier nous envie, considérant les artistes français comme privilégiés. On ne peut pas détruire d'un coup ce qu'il a fallu des décennies pour construire."