Face au manque de visibilité, le musée Maillol (ici photographié en 2016) a renoncé à planifier de nouvelles expositions. 1:34
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Diane Shenouda , modifié à
Alors qu'un Conseil de défense se penche mercredi sur l'avenir des établissements culturels, fermés depuis la fin du mois d'octobre, l'inquiétude grandit du côté des musées privés non-subventionnés, dont l'équilibre financier dépend avant tout du taux de fréquentation.

Comme les cinémas et les salles de spectacles, les musées sont toujours à l'arrêt depuis presque trois mois face au Covid-19, et après plusieurs reports, ils ne savent toujours pas quand ils pourront rouvrir. En 2020, la baisse de fréquentation a été de 75% en moyenne pour ces établissements. Le Louvre, pour ne citer que lui, accuse une perte de recettes de plus de 90 millions d'euros. Désormais, les inquiétudes grandissent pour l'année 2021, notamment du côté des musées privés non subventionnés, qui sont particulièrement touchés. Mercredi, à l’occasion d’un nouveau Conseil de défense, une date de réouverture pourrait être annoncée.

Une situation financières de plus en plus précaire

Actuellement, le musée privé Maillol perd plusieurs dizaines de milliers d'euros chaque mois. "J'ai mis toute mon équipe au chômage partiel. On coupe les frais au maximum mais je perds de l'argent. Même là, en réduisant les frais, c'est douloureux", témoigne auprès d'Europe 1 son directeur, Olivier Lorquin. Le manque total de visibilité ajoute également au stress : "Couvre-feu, confinement, variants... on est dans une sorte de flou artistique épouvantable. Je suis vraiment dans un état... On ne peut pas faire de projet d'expositions comme ça sur les deux mois à venir", déplore Olivier Lorquin.

Les limites du système d'aides

Même désarroi pour Foulques d'Aboville, le responsable Île-de-France de Culturespaces, un organisme qui gère plusieurs musées et monuments historiques, comme le musée Jacquemart-André ou le Centre d'art à Aix-en-Provence. "La situation financière est catastrophique. On perd plus de 60% de notre chiffre d'affaires, c'est absolument considérable", rapporte-t-il. "Le système d'aides, aussi vertueux soit il, ne remplacera jamais le fait de pouvoir travailler dans des conditions normales."

Et la situation commence aussi à peser sur le moral des personnels, confirme-t-on du côté du Musée des impressionnistes à Giverny, qui perd également des centaines de milliers d'euros.