Faut-il bannir les anglicismes ?

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G.P.
Christophe Girard, maire adjoint (PS) de Paris et auteur d'une lettre ouverte contre les anglicismes, et Nicolas Carreau, journaliste littéraire d'Europe 1, débattent de la question.

"Je ne peux me résigner à l'affaiblissement de notre langue et accepter les attaques quotidiennes contre le français". Christophe Girard, maire adjoint de Paris est parti en guerre contre les anglicismes. Dans une lettre ouverte à Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuel de l'Académie Française, et publiée sur le Huffington Post, il demande aux "autorités de l'État et (aux) médias français" de réagir face à ce qu'il nomme "une invasion".

"On a une des plus belles langues au monde, utilisons ses mots !" "Je fais la comparaison avec la détérioration et les horribles paysages que nos villes et nos communes connaissent avec l’installation de ces grandes surfaces venues de l'Amérique, qui détruisent le charme, la vie de proximité et les petits commerces", explique Christophe Girard dans Europe matin. "Clip, cool, être au top, lobby, brand, marketing, booster, bruncher ou encore work in progress" : ils sont nombreux ces mots dont l'homme politique déplore l'utilisation à outrance. "On a une des plus belles langues au monde, utilisons ses mots !"

"La langue est faite de diverses influences". Pour Nicolas Carreau, journaliste littéraire à Europe 1, Christophe Girard prend le problème à l'envers. "Je ne sais pas ce qu'est un mot français, la langue est faite de diverses influences", souligne-t-il, voyant dans la lettre ouverte du maire adjoint de Paris "la réaction d'un peuple qui n'a plus confiance en lui, qui tape des pieds par terre et qui en appelle aux institutions pour empêcher et interdire des mots".

Surtout, le journaliste d'Europe 1 s'interroge sur la méthode à adopter. "Comment fait-on ? On interdit les ouvrages où il y a plus de 10% d’anglicismes ? On n'utilise plus 'almanach', 'amalgame', 'amiral' ? Ce sont des mots arabes. On n'utilise plus 'paquebot', 'bulldozer' ? Ce sont des mots américains ?", s'interroge Nicolas Carreau. Christophe Girard, lui, se défend d'être un nostalgique. "Il n'est pas question d'interdire, mais de promouvoir nos mots", affirme-t-il.