Faut-il aller voir "Ghost in the Shell" ?

© Paramount Pictures France
  • Copié
Guillaume Perrodeau , modifié à
Rupert Sanders adapte le manga culte de Masamune Shirow. Entre film grand public et long-métrage désireux de respecter l’oeuvre originale, quel choix a été fait ?

C'est à un géant de la culture manga que se sont attaqués DreamWorks SKG et le réalisateur Rupert Sanders : offrir une nouvelle vie à l'oeuvre culte Ghost in the Shell. Le long-métrage sort mercredi en salles, avec Scarlett Johansson dans le rôle principal. Entre nécessité de parler au plus grand monde et volonté de ne pas décevoir les fans, comment le long-métrage résout-il l'équation ?

Une oeuvre dense et fondatrice. À l’origine, GITS est un manga de science-fiction cyberpunk de Masamune Shirow, publié entre 1989 et 1991. En 1995, il connaîtra une première adaptation en version animée, très remarquée et devenue presque aussi célèbre que l'originale, signée Mamoru Oshii. Un second film suivra en 2004 (Ghost in the Shell 2: Innocence), mais aussi des séries (Ghost in the Shell : Stand Alone Complex, Ghost in the Shell : Stand Alone Complex 2nd GIG). Ressasser ainsi la longue liste des adaptations n'est pas chose inutile. En effet, le film de Rupert Sanders fait le choix de proposer un mix de toutes ces œuvres pour créer une histoire à part entière, aux origines du personnage du Major.

Dans cette nouvelle adaptation, l'histoire se déroule dans un futur proche, où humains et cyborgs cohabitent au sein d'une société où la technologie prend une place de plus en plus conséquente. On suit le Major (Scarlett Johansson), une humaine au corps cybernétique qui travaille au sein de la section 9, une unité anti-terroriste. La nouvelle menace à laquelle elle fait face va la plonger dans des questions bien plus personnelles que prévu.

Moins de philosophie, plus d'action. Le Ghost in the Shell de Rupert Sanders donne globalement l'impression de vouloir plaire à tout le monde. La trame philosophique de la franchise a clairement été simplifiée pour éviter de perdre le spectateur dans une intrigue complexe et détaillée, à l'image des œuvres originales du début. Ces dernières s'intéressaient à la place de l'homme par rapport aux robots et s'interrogeaient sur la limite claire entre un être humain et une machine, à partir de l'instant où elle développe une conscience.

L'adaptation de Rupert Sanders n'exclut pas ces questionnements, mais le film les effleure simplement, pour revenir à une équation plus simple : sont-ce mes actes qui me conditionnent ou ma condition qui détermine mes actes ? Une énigme qui dépasse largement le seul territoire de la science-fiction et qui reste commune à beaucoup d’œuvres cinématographiques ou littéraires. Et ce que le film perd en philosophie et scènes contemplatives, il le gagne en scènes d'action, à coup de fusillades et de poursuites spectaculaires.

L'esprit et la lettre. Pour autant, Ghost in the Shell version 2017 réussit tout de même à s'adresser à la base de fans. Tout en combinant des trames principales et des intrigues secondaires présentes dans l'univers de la franchise, elle garde, en partie, le modèle visuel du célèbre film de Mamoru Oshii. Preuve en est, Rupert Sanders n'hésite pas à reprendre certaines séquences du film de 1995 plans par plans.

gitsc1

 

gitsc2

 

ghostc3

Le véritable point fort du film, c'est sans doute l'univers visuel qu'il donne à voir. La ville futuriste imaginée par les scénaristes Jamie Moss, William Wheeler et Ehren Kruger, et surtout par l'équipe d'effets spéciaux Weta Workshop (Le Seigneur des anneaux, King Kong), est bluffante. La mégalopole grouille de publicités en hologrammes géants et de personnages mi-humains mi-cyborgs qui fourmillent dans chaque arrière-plan. L'homogénéité artistique de cet ensemble, bien que différente de l'oeuvre de départ, respecte ainsi l'esprit de la franchise, sans donner dans la reproduction à la lettre.

Ce Ghost in the Shell devrait donc réussir à capter un panel large de spectateurs, tout en séduisant une partie des fans de la franchise. Mais pour ceux sensibles à l'esprit retors et à la puissance d'évocation du manga animé de Mamoru Oshii, la déception pourrait être au rendez-vous.