Quand a-t-on cessé d'utiliser des cadavres pour réaliser les "crash tests" de voiture ?

Les mannequins utilisés dans les crash tests sont apparus aux Etats-Unis.
Les mannequins utilisés dans les crash tests sont apparus aux Etats-Unis. © AFP
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David Castello-Lopes
Dans l’émission "Historiquement vôtre", sur Europe 1, le journaliste David Castello-Lopes revient sur l'origine des "crash test dummies", ces mannequins utilisés par les spécialistes de la sécurité routière pour simuler des accidents de la route. 

>> Tous les jours dans Historiquement vôtre, David Castello-Lopes revient sur les origines d'un objet ou d'un concept. Lundi, il se penche sur les "crash test dummies". Ces mannequins sont utilisés par les spécialiste de la sécurité routière pour simuler des accidents de la route, et sont nés aux Etats-Unis. 

"Il m’arrive une fois de temps en temps, tard le soir, seul devant mon ordinateur, de regarder sur Youtube des compilations d’accidents de voiture. Je commence à regarder. Et là je suis complètement terrifié et en même temps complètement hypnotisé. Alors bien sûr je me sens un peu coupable, mais je me dis que cette curiosité morbide est très naturelle. On ne sait presque rien sur ce qui se passe quand on meurt, donc on va glaner des infos là où on peut, comme dans les compilations d’accidents de voiture. Et en plus, ça a du sens parce que statistiquement, c’est l'une des principales causes de mortalité chez les jeunes hommes comme moi. 

 

Mais le danger sur les routes est tout de même moins élevé qu'avant. En 1972, en France, il y a eu 18.000 morts sur les routes. Aujourd’hui, il y a six fois moins moins de morts, alors même qu’on fait beaucoup plus de kilomètres en voiture. Comment expliquer ce changement ? Une des raisons principales, c'est qu'aujourd'hui, quand on a un accident, les voitures ne se plient plus comme des canettes de soda. En plus, on est super bien attaché dedans et à l’intérieur. Toutes ces choses, la déformation du véhicule, la ceinture de sécurité, l’airbag, ont été mises au point patiemment en utilisant de fausses personnes en métal ou en plastique, qu’on appelle en anglais des Crash Test Dummies. En Français, ce sont des mannequins d’essai de choc.

Ces mannequins, généralement chauves, ont l’air parfaitement sereins quand on les met dans les voitures. Et puis on balance ces voitures à 80 km/h contre des murs en béton, et on regarde à quel point les mannequins sont cassés, ce qui nous donne une idée d'à quel point de vraies personnes vivantes seraient cassées à leur place. 

Au départ, on utilisait des cadavres

Mais d'où viennent ces mannequins ? Comme souvent, des États-Unis. Dans les années soixante, là-bas, c’était n’importe quoi. Il n'y avait aucun dispositif de sécurité dans les voitures. Et puis, petit à petit à petit, les Américains se sont dit 'Quand même, ce serait bien qu’on meure moins'. En 1966, une loi est votée qui s’appelle le National Traffic and motor vehicle safety act. A partir de là, il devient obligatoire pour les constructeurs automobiles de passer des tests de sécurité qui sont les mêmes pour tout le monde.

Problème : les constructeurs ne peuvent pas juste prendre des gens vivants, les forcer à avoir des accidents et voir s’ils meurent ou pas. Et se disent : "Bon bah on va prendre des gens déjà morts." Donc dans les années 60, ils prennent des cadavres, leurs mettent plein de capteurs dedans et les font mourir une deuxième fois en les écrasant contre des murs. Mais ça pose deux problèmes. Tout d'abord, ces cadavres ne font pas tous la même taille ni le même poids, et il est donc compliqué de comparer les tests. Et surtout, une fois que la personne morte est toute cassée après s’être pris un mur dans la gueule, on ne peut pas la réutiliser. 

Un premier test créé en 1968

La solution était donc de fabriquer un mannequin qui ait le plus de caractéristiques possibles en commun avec une vraie personne et qu’on puisse facilement réparer quand il est cassé. Celui qui est considéré comme l’ancêtre de tous les crash test dummies contemporains a été créé en 1968 par un ingénieur qui s’appelle Samuel Alderson, et qui a baptisé son mannequin VIP. VIP avait une cage thoracique avec des côtes en acier, mais quand même une colonne vertébrale et des articulations flexibles. Petit à petit, on l'a amélioré, et on l'a rendu de plus en plus réaliste. On a mis dedans de plus en plus de capteurs, et surtout, on lui a donné une femme et des enfants crash test dummies.

Aujourd’hui encore, chaque jour dans le monde, cette famille de mannequins se fait écraser la gueule dans des accidents terrifiants pour qu'on puisse survivre quand ça nous arrivera pour de vrai."