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G.P.
Dans "La voix est livre", Jeanne Guyon (éditrice chez Rivages noir) et Aurélien Masson (éditeur aux Arènes) évoquent l'évolution du polar depuis les années 2000.

À l'occasion du festival international Quais du polar, à Lyon, Nicolas Carreau et ses invités Jeanne Guyon (éditrice chez Rivages noir) et Aurélien Masson (éditeur aux Arènes) s'interrogent sur le genre. Ensemble, dans La voix est livre sur Europe 1, ils reviennent sur l'évolution du polar, longtemps considéré comme un sous-genre en littérature, et pour qui tout a changé au milieu des années 2000.

"C'est moins rock'n roll, mais ça fait partie du jeu." "Depuis Millénium (2005), tout le monde fait du polar en voulant être en haut de l'affiche", explique Aurélien Masson. "À la Série noire, chez Gallimard, en 2004, on pouvait faire n'importe quoi et on n'avait pas le regard des patrons. Puis, tout à coup, des succès sont arrivés et là, les choses ont changé. C'est moins rock'n roll, mais ça fait partie du jeu", reconnaît-il avec un brin de nostalgie. L'éditeur des Arènes aimait ce côté "ghetto" inhérent au genre du polar, cette sensation d'être "loin des autorités".

"C'est la poule aux œufs d'or." Jeanne Guyon explique aussi que le regard du milieu a changé à cette période, lorsqu'une étude sur les lecteurs de récits policiers, d'Annie Collovald et Érik Neveu, intitulée Lire le noir, a été publiée. "Les éditeurs ont retenu de cette étude qu'un livre acheté sur cinq était un polar. Ce que l'on avait oublié de dire, c'est que c'était en terme de volume vendu, et pas en terme de titres", souligne-t-elle. "Ils se sont dit : 'C'est la poule aux œufs d'or'", se souvient-elle. Aujourd'hui, elle constate que toutes les maisons d'édition ont leur collection de polar alors que c'était loin d'être le cas auparavant.

Des succès mondiaux, une étude qui frappe les esprits dans le milieu et finalement tout change. "Ce moment a marqué un tournant dans le monde du polar et dans la façon dont ce genre a été perçu médiatiquement, publiquement et même en librairie", conclut Jeanne Guyon.