Coronavirus : trois séries à dévorer pendant le confinement

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Que vous soyez plutôt Canal+ ou OCS, série documentaire ou de fiction, branché sport ou histoire, il y a forcément une série qui saura vous séduire pendant ce confinement. Europe 1 en a sélectionné trois très différentes, toutes sorties récemment.

Encore quelques jours à tenir pour les confiné(e)s, amateurs et amatrices de (bonnes) séries. Lorsque les shows cultes sont vus et revus, que les nouvelles saisons de fictions sont dévorées, il reste encore une vaste jungle de nouveautés à découvrir. Pour vous aider à vous y retrouver, Europe 1 a sélectionné trois séries sorties récemment. Toutes très différentes mais avec un point commun : elles sont trop réussies pour être ignorées.

Un couple en cavale

La plateforme OCS, en cheville avec la chaîne américaine HBO, diffuse depuis le 13 avril la série RUN. Soit sept épisodes d'une trentaine de minutes qui mettent en scène la cavale d'un couple de vieux amants. Ruby et Billy se sont aimés à l'université, avant de se séparer et de faire leur vie chacun de leur côté. Ils n'ont gardé de l'autre que de brûlants souvenirs et une promesse : si l'un des deux devait envoyer le mot "run" ("cours" ou "fuis" en Anglais) par texto, et que l'autre lui répondait avec le même message, alors ils plaqueraient tout et prendraient un train pour traverser l'Amérique pendant une semaine. Le temps pour eux de savoir s'ils doivent tout plaquer pour se remettre ensemble ou revenir à leur ancienne vie.

La série, portée par un concept simple mais qui parlera à tous les nostalgiques de leurs amours adolescentes, repose grandement sur deux acteurs formidables. Domnhall Gleeson, injustement cantonné à son second rôle dans la saga Harry Potter, a ici l'occasion de montrer l'étendue de son talent. Face à lui, la toujours impeccable Merritt Wever prouve, s'il en était encore besoin, qu'elle est l'une des américaines les plus douées du moment.

Mais il y a plus ici qu'un casting. Très bien écrite, RUN se révèle rapidement comme une réflexion acérée sur les relations et le temps qui passe. En commençant précisément là où les comédies romantiques s'arrêtent, aux retrouvailles, la série explore l'après, lorsque les sentiments enjolivés se heurtent au passage à l'âge adulte. Ruby et Billy ne se sont pas vus depuis plus de 15 ans. Le temps de changer, d'abandonner des rêves, de vieillir, tout simplement. 

On n'attendait pas moins que ce propos doux-amer de la part de Vicky Jones et Phoebe Waller-Bridge, duo féminin et féministe déjà derrière la formidable série Fleabag (dont les deux saisons sont disponibles sur Prime Vidéo, la plateforme d'Amazon).

Jordan on Air

Autre style, autre ambiance sur Netflix tous les lundis en ce moment. La plateforme a produit une série documentaire en dix épisodes, réalisée par la chaîne de sport américaine ESPN, sur les Chicago Bulls. Le fil rouge ? "The Last Dance", surnom donné à la saison 97-98 de la mythique équipe de basket américaine, et qui devient le titre du documentaire. Il faut dire qu'avec le départ annoncé de l'entraîneur, Phil Jackson, et celui de la légende des Bulls, Michael Jordan, cette saison-là ressemblait bel et bien à une "dernière danse".

Mais The Last Dance va bien plus loin que l'examen d'une saison, quand bien même celle-ci, pleine de tensions internes et de rebondissements, a largement de quoi alimenter une série sans ennuyer. Netflix et ESPN en profitent pour examiner cet âge d'or du basket américain et l'histoire de ses protagonistes. Michael Jordan bien sûr, champion indépassable, mais aussi ses acolytes Scottie Pippen ou Dennis Rodman, ses adversaires de l'époque, ainsi que les directeurs sportifs, entraîneurs et propriétaires de club. Plus de cent personnes ont été interviewées par ESPN, qui a également pioché dans quelque 10.000 heures de rushs qui dormaient depuis vingt ans dans des cartons, les Bulls ayant ouvert grand leurs portes à la chaîne en 97-98.

 

 

Près de vingt ans, c'est donc le temps qu'il a fallu pour obtenir l'accord de Michael Jordan, indispensable. Le basketteur avait toujours refusé, de peur d'être montré sous un mauvais jour. Il a finalement changé d'avis, tant par admiration pour le travail d'ESPN que pour, diront ceux qui le suivent de près, (re-)raconter ses exploits au moment où le statut de meilleur joueur de tous les temps lui est disputé par un certain LeBron James. En échange, la chaîne américaine lui a accordé un droit de regard total.

En résulte, assez logiquement, une série qui ne s'attaque pas à l'idole mais lui donne longuement la parole. Ce qui n'est déjà pas mal tant "Air Jordan" s'est fait discret ces dernières années. Incroyablement riche et dense, The Last Dance laisse peu à peu entrevoir ce que les années 1990 ont apporté au basket et, notamment, le moment où ce sport est devenu une véritable culture à part entière. Les fans n'ont probablement pas besoin d'être convaincus, mais que les profanes se rassurent, il n'y a pas besoin d'être connaisseur pour apprécier. Même l'auteure de ces lignes, qui ne connaissait des Chicago Bulls que les goodies dans les paquets de céréales de son enfance, est devenue complètement accro à la série.

Un paradoxe américain

Si vous voulez un peu plus d'histoire américaine, direction Canal+ et sa plateforme MyCanal, qui diffusent depuis le jeudi 16 avril Mrs. America. Cette mini-série prend place au début des années 1970, au temps du crépuscule de Nixon à la Maison-Blanche et de l'avènement de la musique disco. À une époque où les mouvements féministes prennent de plus en plus d'ampleur. Et si c'est bien à eux que s'intéresse cette création de la chaîne FX, l'angle choisi est plutôt original : le personnage principal de la série n'est autre qu'une militante antiféministe, Républicaine et réactionnaire, Phyllis Schlafly. 

Mère au foyer de six enfants, mariée à un champion toutes catégories du paternalisme dégoulinant, Phyllis Schlafly va faire de l'Amendement pour l'égalité des sexes son cheval de bataille. Et des débats lors desquels elle conspue les féministes son hobby. La force de Mrs. America étant, outre l'interprétation impeccable de Cate Blanchett (pléonasme), le portrait très réussi de cette femme pétrie de paradoxes. Car aussi sincère soit-elle lorsqu'elle exalte la condition de la femme au foyer, Phyllis Schlafly est elle-même pétrie d'une ambition autre que celle d'élever sa progéniture et faire la cuisine. La réactionnaire est ambitieuse, intelligente, incroyablement douée pour la politique, frustrée d'être rappelée au foyer par son époux. Il n'y a pas de bonne fiction sans nuance, pas de belle série sans subtilité.

Phyllis Schlafly n'est pas née de l'imagination de scénaristes inspirés, elle a réellement existé. Et avec elle, ou plutôt en face d'elle, des grands noms du féministe américain auxquels Mrs. America donne ici des visages plus ou moins connus. Les combats de Gloria Steinem, Betty Friedan ou Bella Abzug sont ainsi examinés parallèlement à la trajectoire de la militante réactionnaire. La série dissèque les personnalités comme les divergences internes au mouvement, l'intime comme le politique, les petites trajectoires et la grande Histoire qui en est née. Le résultat est tout simplement brillant.