Fleabag
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La série de Phoebe Waller-Bridge, disponible sur Amazon Prime, vient d'être récompensée aux Emmy Awards. 

Quel soulagement de voir le talent (enfin) reconnu. Lundi dernier, lors de la cérémonie des Emmy Awards, qui récompense les meilleurs programmes télévisés anglo-saxon, c'est une trentenaire britannique qui a tout raflé, ou presque. Avec sa série "Fleabag", adaptée de son one-woman-show, qu'elle a donc écrite, en partie réalisée et dont elle interprète le rôle principal, la jeune Phoebe Waller-Bridge a empoché quatre récompenses. Meilleur scénario, meilleure réalisation, meilleure actrice et meilleure série comique. Tout simplement.

Une londonienne de 30 ans à l'humour incompris mais ravageur

Un succès amplement mérité tant cette mini-série (deux saisons de 6 épisodes chacune qui ne dépassent pas les 26 minutes) a su mêler la comédie et le drame avec finesse, tout en épousant à merveille les questionnements actuels sur les représentations du genre. "Fleabag", ("sac à puces" en anglais), c'est le surnom du personnage principal, londonienne de 30 ans à l'humour incompris mais ravageur.

Le ton est donné dès les premières minutes : Fleabag est un peu paumée, utilise, de son propre aveu, le sexe pour combler le vide de sa vie, et doit gérer une famille haute en couleur. Entre une sœur psychorigide à demi anorexique, le compagnon de celle-ci qui se révèle "beauf" dans tous les sens du terme, et sa belle-mère (donc forcément insupportable) artiste (donc nécessairement folle), la jeune femme a quelques circonstances atténuantes.

L'humour est la politesse du désespoir

Mais derrière les gags, irrésistiblement so british, c'est du sérieux. "Fleabag" est avant tout une série féministe qui, via ses personnages si fouillés, ses situations bien vues et ses quelques phrases négligemment lancées ("Je te présenterai un très bon avocat. Il s'est spécialisé dans la défense des violeurs. -J'imagine donc qu'il a un bon taux d'acquittement. -100%) rappelle la place des femmes dans la société.

Se dessine également peu à peu, au fil de l'intrigue et des crises d'introspection du personnage principal, un tableau moins burlesque, plus lourd. L'héroïne est aussi une jeune femme qui doit apprendre à vivre avec la mort d'un être cher. Et toutes les plaisanteries du monde n'ont jamais comblé l'immense solitude qui, par petites touches, se révèle être le vrai sujet de la série. "Fleabag" incarne finalement à la perfection la phrase du cinéaste Chris Marker : "L'humour est la politesse du désespoir."