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Guillaume Perrodeau
Chez Christophe Hondelatte, le chanteur revient sur son enfance, en plein génocide au Rwanda, qu'il a fui en août 1994.

C'est une histoire qu'il a raconté en chansons, mais aussi dans un livre Là où le soleil disparaît (2016). Corneille avait 16 ans et demi quand sa famille s'est fait massacrer par des militaires du Front patriotique rwandais (FPR), en plein génocide tutsi. Avec Christophe Hondelatte mercredi, le chanteur, aujourd'hui âgé de 41 ans, revient sur cette adolescence et son exil vers l'Allemagne.

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Retour au Rwanda. Corneille, de son vrai nom Cornelius Nyungura, est né en Allemagne, et c'est seulement lorsque ses parents rentrent au pays en 1983, alors qu'il a 6 ans et demi, qu'il découvre le Rwanda. Là-bas, ses parents (père tutsi et mère hutu) sont considérés comme de la classe aisée et ont de bons postes. Corneille est inscrit dans la meilleure école primaire de Kigali, la capitale du pays. Le chanteur se souvient encore en détail des dramatiques événements qui vont bouleverser sa vie à tout jamais.

Le président rwandais, hutu, meurt dans un attentat le 6 avril 1994. Un différent oppose alors depuis de longues années Hutus et Tutsis, les premiers accusant les secondes d'être des alliés du colonisateur belge jusqu'en 1959. L'assassinat du président Habyarimana va servir d'argument pour les Hutus les plus extrémistes dans le génocide mené contre les Tutsis.

"De l'art pour s'en sortir". Dès le lendemain de l'assassinat du président, des collègues de travail des parents de Corneille sont assassinés. Toute la famille est réfugiée chez elle, apeurée, et reste cloîtrée. Mais le 15 avril 1994, vers deux heures du matin, des militaires du FPR, qui se font passer pour des Hutus, investissent le domicile familial. Ils réunissent tout le monde dans le salon et massacre la famille. Les parents de Corneille, ses deux frères, sa petite sœur et deux employés de maison sont tués. Corneille, 17 ans, s'en tire par miracle, en se cachant au dernier moment derrière le canapé.

"Dès que mon histoire a été connue, 'survivant du génocide rwandais' est devenu mon nom de famille", se souvient le chanteur. L'artiste, qui connaît son premier succès en 2002 avec Parce qu'on vient de loin, se remémore l'étrange sentiment qui l'habitait. "C'était une expérience très bizarre, surtout quand on essaye de faire de l'art pour s'en sortir", se souvient-il.

Après la mort de sa famille, Corneille sait qu'il doit fuir. Il part vers l'ouest, va échapper de nombreuses fois à la mort. Parfois, il doit gonfler son nez pour ressembler à un Hutu. "J’ai dit la vérité dans mon livre, j’avais envie de clarifier un certain nombre de choses", confie l'artiste. Il réussit à rejoindre le Zaïre, est recueilli par une amie de sa mère. Puis, le 15 août 1994, Corneille part en direction de l'Allemagne pour une nouvelle vie. Loin de l'horreur.