«À cheval» : l’exposition sur le portrait équestre, symbole de pouvoir à la Renaissance
Jusqu’au 27 janvier, le château d’Écouen, musée national de la Renaissance, propose de (re)découvrir les œuvres originales - statues et tableaux - de ces rois en "campagne", au cours d’une exposition intitulée "À cheval", en partenariat avec Europe 1.
Les visages de François 1er et Henri IV nous sont familiers. Sur les couvertures de nos livres d’histoire, ils posent fièrement à cheval... Ces portraits, largement diffusés, servaient de communication politique : c’était l’affichage électoral de l’époque ! Jusqu’au 27 janvier, le château d’Écouen, musée national de la Renaissance, propose de (re)découvrir les œuvres originales - statues et tableaux - de ces rois en “campagne”, au cours d’une exposition intitulée "À cheval", en partenariat avec Europe 1.
Le faste du roi François Ier dans un minuscule portrait
François 1er, sur fond bleu, est élégamment vêtu d’une armure aux motifs dorés et argentés. Son cheval est, lui aussi, très décoré. Sur ce tout petit portrait, de format d’une feuille A4, le roi-salamandre guide une procession.
"C'est une image largement diffusée parmi les élites, qui a donc un impact diplomatique très fort", commente Guillaume Fonkenell, conservateur du patrimoine au château d’Écouen.
"Le cheval a des accessoires d'apparat… Par exemple, entre ses deux oreilles, il y a un magnifique plumail, qui est un bouquet de plumes de couleurs différentes", décrit-il. "C'est vraiment un modèle français de portrait royal qui a été inventé."
La statue-modèle de Marc Aurèle à Rome
Cette riche parure s’inspire d’un cheval à la crinière également soignée : celui de Marc Aurèle. À l’époque de François Ier, la statue de l’empereur sur sa monture se trouve sur la colline du Capitole à Rome. "La statue de Marc Aurèle est la seule grande statue en bronze datant de l’Antiquité que l'on pouvait voir au Moyen Âge et à la Renaissance", reprend Guillaume Fonkenell. "Et cette statue constitue un véritable modèle pour tous les hommes de la Renaissance qui veulent égaler les empereurs romains."
Léonard de Vinci tente lui aussi d’imaginer pour François Ier une statue équestre, qu’il n’a pas le temps de finir. Mais son croquis a été retrouvé, exposé au château d’Écouen.
Henri IV sur le Pont-Neuf : la sculpture dessine l’aménagement urbain, et inversement
Par ailleurs, la statue de Marc Aurèle influence, plus tard, la magistrale sculpture d’Henri IV construite à Paris et aujourd’hui détruite. "Cette statue est placée à l'extrémité du Pont-Neuf, qui est, comme son nom l'indique, un pont qui n'existait pas avant", poursuit le conservateur. "Mais elle est également dans l'axe d'une place, la place Dauphine, construite par Henri IV : il y a donc l'idée qui s'impose en France qu'on ne peut pas concevoir la commande d’une statue sans imaginer la place qui l'accompagne."
Une idée reprise plus tard par Louis XIV, qui installe une statue équestre à son effigie dans plusieurs villes de France… Au centre de places stratégiques, pour asseoir son pouvoir.