Bruno Blum : "Bob Marley, la première et dernière superstar à venir d'un pays pauvre"

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A.D
Fan absolu de Bob Marley, Bruno Blum, journaliste musical dresse un portrait de la star jamaïcaine dans La playlist Europe 1.

Mercredi dernier, les fans de Bob Marley ont eu une pensée pour le roi de la Jamaïque, disparu il y a 35 ans à seulement 36 ans. "C'est la première et dernière superstar à venir d'un pays pauvre. Tous les autres, c'est des Amerloques, des Rosbeef, c'est quand même très particulier de venir d'un pays aussi galère et de devenir tout à coup la voix du monde", tranche Bruno Blum, journaliste musical qui était l'invité de Julia Marin, dimanche sur Europe 1, pour évoquer la légende toujours vivante du reggae. 

Militant mais aussi amoureux. S'il est toujours aussi présent dans les esprits et influence les artistes aujourd'hui, la raison en est simple : "Bob Marley, ce n'est pas jetable, c'est du lourd". En 1978 sort la chanson Is this love sur l'album Kaya, une oeuvre descendue par certains critiques, parce que considérée comme "commerciale", un album qui ne cadrait pas avec son image de militant de la cause noire. "C'est dommage, parce qu'on savait bien qu'il était capable de faire des chansons hyper militantes. Tout d'un coup, il était amoureux de la Miss Monde 1976, comme lui métis, et je crois qu'on a le droit de faire des chansons d'amour."

Succès tardif. Mais avant d'avoir le privilège d'être critiqué et d'arriver au succès mondial, plusieurs tentatives de le lancer ont été vouées à l'échec. "Il a véritablement connu son premier succès en 1975 avec No woman no cry. Les cinq ans qui lui restaient à vivre ont été chargés de tubes et de concerts incroyables." 

"Végétarien et fumeur de cannabis". Plus que la musique, "sa dimension véritable" est d'avoir été en contact avec des gens extrêmement violents et d'avoir refusé de devenir un gangster, analyse Bruno Blum. Il était entouré de meurtriers, de trafiquants de drogue, d'armes et Bob a dit non. il a décidé d'être un exemple." A contre-courant, Marley est rasta, végétarien, champion de football et fumeur de cannabis. En somme, une figure nouvelle qui apporte une vision du monde différente.

"Un rebelle". Au travers du rastafarisme, religion née au milieu du XXe siècle, il redonne une place digne à l'homme noir en le détachant de l'identité coloniale. "Marley est le premier à le faire véritablement en musique, de façon très affirmée. Bien sûr, il y a eu des mouvements précurseurs mais lui a mis les pieds dans le plat." Un message pas forcément perçu comme tel. "Dans ses concerts, personne ne comprenait un mot de ce qu'il disait. Les gens voyaient que ses tubes étaient super et qu'il fumait beaucoup d'herbe. On comprenait que c'était un rebelle et ça suffisait."