On l'avait quitté mort, en 2004. Après treize années d'absence, Lapinot est de retour dans une nouvelle aventure intitulée Un monde un peu meilleur. Son auteur, Lewis Trondheim, a décidé de ressusciter son héros lagomorphe pour le plus grand bonheur des inconditionnels de ses histoires.
Un retour, comme si de rien n'était. L'humour est toujours aussi grinçant. Lapinot n'a pas pris une ride. C'est à peine si l'on se souvient qu'il est mort dans La vie comme elle vient, renversé par un taxi. Dans ces Nouvelles aventures de Lapinot, le héros revient d'ailleurs sans explication. Seule référence à son décès, une plaisanterie sur la mort échangée entre Richard - son ami - et Lapinot dès la première case. Une résurrection qui semble, entre les lignes, appeler à de prochaines publications. "Oui, mais j'ai plus d'idées que de temps", tempère l'auteur lors d'une interview avec son éditeur.
Le talent de Trondheim. Pour ce qui est de l'histoire, Richard et Lapinot se remettent à peine d'une petite rixe dans la rue qu'un homme étrange les aborde. Il est capable de voir l'aura des gens et d'estimer s'ils sont bons ou méchants. Entre les cases de cette intrigue un brin fantastique, Un monde un peu meilleur propose surtout une esquisse de notre société actuelle, entre application de rencontres, terrorisme et critique des médias. L'aventure est portée par un cynisme et un second degré que l'on connaissait déjà chez l'auteur.
Mais surtout ce qui fascine dans Un monde un peu meilleur et chez Lewis Trondheim, c'est ce sens du timing et du découpage entre les cases, réglé avec brio. Un rythme effréné qui vous mène jusqu'à la dernière case sans que l'on est le temps de se retourner.