Anny Duperey : "Les surprises sont les pires choses qui peuvent m’arriver dans la vie"

© VALERY HACHE / AFP
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A.D
La comédienne, invitée d'Isabelle Morizet, est revenue sur le drame de son enfance et sur sa carrière due en partie au hasard.
INTERVIEW

A l'opposé de nombreux acteurs, Anny Duperey le dévoile d'entrée : "Jouer la comédie n’a jamais été une vocation" mais plutôt un hasard et un plaisir. La comédienne qui vient de sortir le livre Le rêve de ma mère, était l'invitée de l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie. Elle a raconté comment elle en était venue au métier d'actrice.

Orpheline à 8 ans et demi. Elle qui a notamment joué dans le film Un éléphant ça trompe énormément, et depuis 25 ans dans la série phare de TF1 Une famille formidable, trouve que la comédie est "l'inverse de la surprise. On répète tout, même son espace, comment on va amener ses sentiments. Après, on les exprime tout à fait sincèrement, mais ils sont maîtrisés", dit celle qui ne supporte pas les surprises à cause d'un événement tragique. A 8 ans et demi, elle perd ses parents, asphyxiés au monoxyde de carbone à cause d'un accident de chaudière dans la salle de bain de leur foyer. "Les surprises sont encore les pires choses qui peuvent m’arriver dans la vie. Il ne faut jamais me surprendre, je peux très mal réagir", annonce-t-elle.

Vocation pour les Beaux-Arts. Sa réelle vocation était de faire les Beaux-Arts, où elle a été reçue à Rouen. Pour qu'elle soit sure de son choix, la femme qui l'élève, qui était la meilleure amie de sa mère, l’emmène voir un conseiller d’orientation d’Etat. L’homme la rassure, mais souligne que la jeune fille va "perdre le contact avec les mots" qu'elle dit adorer. Il lui conseille alors de s’inscrire deux soirs par semaine au Conservatoire d’art dramatique en plus des Beaux-Arts. Anny Duperey y va d'abord en dilettante puis le Conservatoire l'emporte. "Ce n’était pas un désir mais j’étais bien dans ce métier quand même. La solitude du travail de la peinture m’effrayait un peu."

Entendu sur europe1 :
J’avais compris qu’au cinéma, on m’engageait seulement pour ma jolie figure et ma silhouette. Je voulais faire du théâtre.

Le théâtre plutôt que le cinéma. Au Conservatoire de Paris puis de Rouen, elle découvre ses partenaires, échange mais quitte l'établissement en troisième année quand le travail à l’extérieur devient impossible face à un possible engagement à la Comédie française. Elle opte finalement pour un parcours plus "sauvage". Elle aborde au culot Jean-Louis Barrault dans une soirée chez Guy Béart. "J’avais compris qu’au cinéma, on m’engageait seulement pour ma jolie figure et ma silhouette. Je voulais faire du théâtre, j’avais repris la danse, le chant. J’ai été directement vers lui." Il a un rôle pour elle. Barrault devient son père de théâtre qu'elle préfère au cinéma : "Après la trentaine, je n’ai pas trouvé le rôle qui allait me faire passer de la jolie jeune femme à la femme."

Entendu sur europe1 :
C’est très étrange de ne pas avoir de souvenir de comment était votre propre mère, de ne pas avoir d’exemple à suivre ou à contrer

Le théâtre, la télévision et l'écriture deviennent ses domaines. "L’écriture depuis mes 13 ans est une ligne continue, qui correspond à une nécessité. Alors que la comédie, que j’adore, était plutôt une chose qui m’a choisie plutôt que je ne l’aie choisie." En matière de domaine, au premier degré cette fois, elle a créé une maison familiale en Creuse avec son ex-compagnon Bernard Giraudeau, avec qui elle eu ses deux enfants, Gaël et Sara, eux-mêmes comédiens. "Je suis une mère amateur. C’est très étrange de ne pas avoir de souvenir de comment était votre propre mère, de ne pas avoir d’exemple à suivre ou à contrer. On improvise avec les plus grands doutes" et un grand sens de l'observation, comme la femme qui l'a élevée.