Mains armées, en quête de famille

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Le film de Pierre Jolivet, Mains armées, marie polar et histoires personnelles.

Lucas (Roschdy Zem) s'occupe de trafic d'armes à Marseille, Maya (Leïla Bekhti) travaille sous les ordres de Julien Bass (Marc Lavoine) à la brigade des Stups. Devenu père trop tôt, le premier a fui ses responsabilités et va, au fil de l’enquête, se retrouver face à cette fille qu’il n’a pas élevée et dont il ne connait presque rien. Ils vont apprendre à s’apprivoiser.  Si Mains armées s’attache à coller aux standards du thriller, le film évoque surtout une histoire de famille, de retrouvailles difficiles entre un père et sa fille.

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Au-delà du polar

Le film est fidèle au genre : climat sombre, scènes d’actions, dialogues hachés et visages graves nous plongent dans l’atmosphère tendue d’un polar rythmé. L’enquête, complexe, nous plonge au cœur d’un trafic d’armes et de drogue qui implique plusieurs services de police. Entre le père et la fille, l’enquête est un prétexte parfait pour "mettre de la distance dans leurs premières rencontres". Pourtant, ils sont vite rattrapés par le lien intime qui les unit : leur nécessaire collaboration  les force à "s’approcher l’un de l’autre".

Lucas et Maya, jusqu’à ce qu’il mette la main sur elle pour tenter de la protéger dans une scène finale, ne s’effleurent jamais.  Le polar est ainsi traversé par des histoires personnelles qui prennent progressivement le pas sur l’intrigue elle-même. Le film devait d’abord s’appeler "La chair de ma chair", confie d’ailleurs son réalisateur Pierre Jolivet qui voulait poser une question essentielle : "à quel moment une connexion charnelle, viscérale, inévitable se fait avec un enfant inconnu".

"Faire confiance aux émotions"      

Le jeu des acteurs relève de "la patte Jolivet" selon  Roschdy Zem. Le réalisateur "tient à ce que les acteurs fassent confiance à leurs émotions, aux expressions de visage" précise le comédien. Pas de démonstration donc, mais un jeu sobre et efficace, des tempéraments qui se précisent, au fil de l’intrigue, dans la confrontation avec l’autre. Avec un objectif assumé, ne pas tomber dans la caricature. "Il faut trouver le juste milieu entre l’inspecteur Derrick et Jack Bauer, car la police d’aujourd’hui n’est ni l’un ni l’autre" explique Roschdy Zem.

Leïla Bekhti est entrée dans la peau de son personnage de manière instinctive. "Je ne voulais pas être un cow-boy, raconte-t-elle, je ne voulais pas dire haut les mains parce que ça n’existe pas." L’actrice est partie de cette question : "Qu’est-ce qu’une jeune flic de 25 ans ?" Une jeune femme imparfaite, pleine de failles, "qu’on n’excuse pas forcément", à l’image d’ailleurs des principaux personnages du film, écorchés ou qui ont mal tourné.

 "J’avais envie d’être une personne à part entière" souligne t-elle, soucieuse de ne pas disparaitre derrière sa fonction. "C’est pour ça que j’ai pris mes vêtements à moi, mes jeans à moi…" Loin du glamour, on la retrouve plutôt flottant dans des pulls amples ou en jeans-baskets. De quoi coller à son personnage de jeune flic pas lisse. Leïla Bekhti n’imite pas, ne mime pas. Elle sent, elle incarne.

Mains armées, de Pierre Jolivet, actuellement en salles. Un film Europe1