Luz : "la majorité des musulmans se fout de Charlie Hebdo"

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CONFIDENCES - Le dessinateur a ouvert la porte de son appartement à une journaliste de Vice News. 

Luz est l'un des dessinateurs qui ont survécu à l'attaque de Charlie Hebdo. Vice News, une plate-forme de journalisme d'investigation spécialisée dans les enquêtes, s'est rendu à sa rencontre. La vidéo, postée samedi, montre le dessinateur chez lui. "Mais ça n'a pas été facile de le rencontrer", explique la journaliste. Luz est en effet sous protection policière renforcée depuis qu'il a signé la couverture du "numéro des survivants". Cette Une, où l'on voit le prophète tenir un panneau "Je suis Charlie" a déclenché de violentes manifestations de protestation dans certains pays musulmans, et notamment au Niger.

Un appartement équipé contre les menaces. "Voilà à quoi ressemble un appartement de dessinateur après une attaque", précise Luz dès le début de la vidéo. Le caricaturiste, un verre de vin dans la main droite, cigarette de l'autre, ouvre la porte de son appartement parisien, désormais équipé contre les attaques de snipers. Beaucoup de désordre, dit Luz, mais surtout des volets "fermés".

>> NUMÉRO SPÉCIAL - Pour le premier numéro publié après la tuerie dans la rédaction de l'hebdomadaire, Luz représente le prophète tenant une pancarte "Je suis Charlie".

"On ne peut pas être prisonnier de l'humour des autres". Est-ce que vous suivez une ligne éthique en dessinant ? demande la journaliste à Luz. "L'humour, ça ne tue personne", répond le dessinateur. "On ne peut pas être prisonnier de l'humour des autres. Il y a des dessinateurs en France qui disent 'On ne peut plus faire des dessins qui vont chagriner quelqu'un à l'autre bout de la planète. Si on prend en compte les positions, les opinions de la terre entière, on déchire nos dessins, on range tout. C'est fini, c'est fini", explique Luz, joignant le geste à la parole et fermant ses cahiers. Le dessinateur s'est aussi dit assez "triste" de voir que certains journaux, comme le New York Times, aient refusé de publier la couverture mise en cause… "par peur de faire du mal ou par peur des terroristes."  

"On ne prend pas les musulmans pour des imbéciles". Etes-vous concerné par le fait que vos caricatures peuvent offenser les communautés musulmanes ? demande la journaliste au dessinateur. "Je pense que la majorité des musulmans se fout de Charlie Hebdo. Je pense que les gens qui s'arrogent le droit de dire que l'ensemble de la communauté musulmane a été offensé sont des gens qui prennent les musulmans pour des imbéciles. Nous, on ne prend pas les musulmans pour des imbéciles".