L'artiste Paul McCarthy renonce à réinstaller son oeuvre

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avec AFP , modifié à
VANDALISME - Après son agression et la dégradation de l'oeuvre d'art, dont la forme évoquait un sapin de Noël ou un sex-toy, l'artiste a renoncé à la réinstaller, craignant "de potentiels débordements".

L'INFO. Après la dégradation de son oeuvre dans la nuit de vendredi à samedi, Paul McCarthy a renoncé à la réinstaller, a annoncé samedi la Foire internationale d'art contemporain (Fiac). "Je ne veux pas être mêlé à ce type de confrontation et à la violence physique, ou même continuer à faire prendre des risques à cette oeuvre", a-t-il expliqué. "The Tree" (arbre) avait été installé jeudi place Vendôme, à Paris, dans le cadre de la FIAC. Lors de l'inauguration, l'artiste avait été agressé par de farouches opposants à son oeuvre. 

Indignation de certains. Une structure gonflable verte dont la forme, entre sapin de Noël et plug anal (sex toy), avait suscité de nombreuses réactions. Si certains s'étaient amusés de cette confusion, à commencer par l'artiste lui-même, d'autres avaient vertement dénoncé sa présence sur la très chic place Vendôme. Le conseiller de Paris UMP Jérôme Dubus s'était emporté vendredi contre une "provocation gratuite", exigeant sur son compte Twitter le retrait de l'oeuvre : ""Plug anal" place Vendôme Anne Hidalgo doit faire cesser cette provocation en retirant cette "oeuvre d'art"". Le Printemps français, mouvement mêlant militants identitaires et catholiques traditionalistes, avait de son côté fustigé l'"humiliation" de Paris :

Paul Mccarthy agressé. Lors de l’inauguration de l'oeuvre jeudi, l'artiste américain, âgé de 69 ans, avait été agressé, avait révélé Le Monde. Un homme l'avait frappé à trois reprises, lui "hurlant qu'il n'était pas Français et que son oeuvre n'a rien à faire sur cette place". Jennifer Flay, directrice artistique de la FIAC, avait qualifié l'agression de "navrante", soulignant que "The Tree" avait "reçu toutes les autorisations nécessaires : de la préfecture de police, de la mairie de Paris et du ministère de la Culture, en lien avec le Comité Vendôme, qui regroupe les commerçants de la place", dont de nombreux bijoutiers de luxe.

De "violentes réactions". Mais dans la nuit de vendredi à samedi, "The Tree" avait été vandalisé. Des inconnus avaient d'abord débranché l'alimentation de la soufflerie qui maintenait la structure gonflable. Puis, profitant de l'absence de l'agent de sécurité parti la rebrancher, ils avaient sectionné plusieurs des sangles maintenant l'oeuvre, sans toutefois toucher à l'enveloppe elle-même, avant de prendre la fuite.

Après avoir dans un premier temps annoncé que la structure serait regonflée, l'artiste y a finalement renoncé, craignant selon la Fiac "de potentiels débordements lors du remontage de l'oeuvre".  "Au lieu d'engendrer une réflexion profonde" sur les significations plurielles des objets, "nous avons assisté à de violentes réactions", a-t-il regretté.

Hollande "aux côtés" de McCarthy. Ce saccage a provoqué de nombreuses réactions indignées. A commencer par la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui a dénoncé une "agression inadmissible". "Paris ne cédera pas aux menaces de ceux qui, en s'en prenant à un artiste ou à une oeuvre, s'en prennent à la liberté artistique," a-t-elle ajouté sur son compte Twitter. La ministre de la Culture, Fleur Pellerin, a également fait part de sa colère :

Lundi soir, le président François Hollande s'est dit "aux côtés" de l'artiste américain Paul McCarthy. "La France sera toujours aux côtés des artistes comme je le suis aux côtés de Paul McCarthy, qui a été finalement souillé dans son oeuvre, quel que soit le regard que l'on pouvait porter sur elle", a déclaré le chef de l'Etat, qui s'exprimait à l'occasion de l'inauguration de la Fondation Louis Vuitton aux portes de Paris. "Nous devons toujours respecter le travail des artistes", a-t-il exhorté.

L'artiste exposera cet automne à la Monnaie de Paris. Les œuvres de Paul McCarthy ont déjà déclenché des polémiques, et la page Internet annonçant sa première grande exposition française, Chocolate Factory, à partir du 25 octobre pour la réouverture de la Monnaie de Paris, contient un avertissement sur le fait que certaines d'entre elles "peuvent être dérangeantes avec un caractère sexuellement explicite et parfois violent" et déconseillant la visite "pour les enfants et les adolescents".