Trafic de drogue : quand les narcotrafiquants se mettent en quête de main d’œuvre dans d'autres départements
Plus de 3.000 points de deal sont recensés par les policiers partout en France. Environ 240.000 personnes vivent directement ou indirectement de ce trafic, selon l’office antistupéfiants. Face à la concurrence accrue du trafic de drogues, les dealers ont besoin de toujours plus de main d’œuvre. Alors, ils vont recruter des petites mains dans d’autres départements en fonctionnant comme une agence d’intérim du crime.
Selon l’office antistupéfiants, environ 240.000 personnes directement ou indirectement sur plus de 3.000 points de deal. Dans certains départements, de la main d'œuvre est recrutée avec un fonctionnement surprenant, comme dans une "agence d'intérim du crime".
Avec d’abord une annonce, postée sur un groupe dédié au narcotrafic sur une messagerie cryptée comme Telegram. Sur celle-ci : un ordre de mission. Celui par exemple de 'chouf', autrement dit guetteur dans le jargon des dealers. Durée du contrat : quelques jours ou quelques semaines.
La plupart des annonces concernent les points de deal dans le sud-est de la France, là où la DZ Mafia est fortement implantée. Tout est pris en charge : les jeunes trafiquants, la plupart du temps des mineurs âgés de 16 à 18 ans, originaires de départements extérieurs au point de deal, sont logés et nourris sur place.
"Les jeunes sont précarisés sur les sites d’emploi"
Pour Eric Moulin, policier et secrétaire départemental à Marseille du syndicat UNSA, ces recrutements ne doivent rien au hasard. "Les jeunes sont précarisés sur les sites d’emploi parce qu’ils n’ont pas la proximité de leurs familles. Ils sont serviables et corvéables à merci en termes d’heures", estime Eric Moulin au micro d'Europe 1.
"En plus, ces jeunes-là ne sont pas forcément identifiés de la police locale donc ils se fondent beaucoup plus facilement dans le paysage. Ils sont beaucoup moins facilement détectables par les policiers qui eux ont l’habitude de passer dans la cité, d’avoir des visages", poursuit le secrétaire départemental du syndicat UNSA à Marseille.
Une fois sur place, les chefs des réseaux peuvent se servir de cette main d’œuvre délocalisée à d’autres fins, parfois comme tueur à gage. En avril dernier, un jeune de 18 ans a été interpellé chez lui, à Taverny dans le Val-d'Oise. Il est suspecté d’être l’auteur d’un assassinat commandité sur un point de deal à Vaux-en-Velin.